Donald Trump a annoncé, le 8 juillet, l’envoi prochain d’armes « principalement défensives » à l’Ukraine, après une brève suspension de certaines livraisons américaines. Cette déclaration marque un tournant dans la position du président américain, qui avait jusque-là gelé les envois pour des raisons de « prudence stratégique ». Elle intervient alors que l’Ukraine fait face à une intensification des frappes russes, notamment dans la nuit du 6 au 7 juillet, où au moins quatre civils ont été tués et une trentaine blessés.
« Nous allons devoir envoyer plus d’armes », a déclaré Trump, se disant « mécontent » de Vladimir Poutine. Le président américain affirme vouloir renforcer le soutien militaire à Kiev, après plusieurs mois de tergiversations. Depuis janvier, son administration avait mis en pause certaines livraisons d’armements, invoquant des préoccupations liées à l’épuisement des stocks américains. Officiellement, il ne s’agit pas d’une reprise massive de l’aide, mais d’un réajustement ciblé. Aucun nouveau programme d’assistance n’a été détaillé, contrairement à l’ère Biden, qui avait mobilisé plus de 65 milliards de dollars pour soutenir l’armée ukrainienne.
Sur le plan politique, aucun progrès n’a été enregistré dans les pourparlers entre Moscou et Kiev. Deux tentatives de négociations en Turquie, les 16 mai et 2 juin, se sont soldées par des échecs. Le président Trump a lui-même reconnu, après un échange téléphonique le 4 juillet avec Poutine, que le dirigeant russe « ne veut pas arrêter » et « continue de tuer ». L’idée d’un durcissement des sanctions contre la Russie revient désormais dans les discussions à Washington, bien que Trump s’en soit abstenu jusqu’ici, misant sur une médiation directe avec le Kremlin.
Les exigences des deux camps restent radicalement opposées. Moscou continue de réclamer la reconnaissance de l’annexion des territoires occupés, ainsi que la neutralité de l’Ukraine vis-à-vis de l’Otan. Des demandes jugées inacceptables par Kiev et ses alliés occidentaux. De son côté, l’Ukraine exige un retrait total des troupes russes, qui occupent actuellement environ 20 % de son territoire. Ce blocage politique entretient une guerre d’usure, dont les premières victimes sont les civils.
La situation sur le terrain reste critique. Les frappes russes se sont intensifiées ces derniers jours, ciblant plusieurs localités, dont une dans la région de Dnipropetrovsk que Moscou affirme désormais contrôler – une première depuis des mois. Ces attaques mettent à rude épreuve les défenses antiaériennes ukrainiennes et la résilience d’une population épuisée par deux ans et demi de guerre.
Même si l’annonce de Trump redonne un souffle à l’armée ukrainienne, elle ne s’accompagne pas d’un engagement clair sur la durée ni sur l’ampleur de l’aide à venir. Dans les faits, le président américain semble osciller entre fermeté face à Moscou et prudence stratégique, sans stratégie diplomatique lisible. À six mois d’un scrutin présidentiel crucial aux États-Unis, cette posture pourrait autant relever d’un calcul électoral que d’une réelle volonté de réorienter la politique étrangère américaine.