Moins de trois semaines après la signature d’un accord de désescalade à Washington, le groupe armé AFC/M23 a relancé les combats dans l’est de la République démocratique du Congo. L’armée congolaise affirme avoir été attaquée à plusieurs reprises dans les provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu, aggravant une situation sécuritaire déjà très fragile. Ces offensives relancent les inquiétudes sur la viabilité du processus de paix et ravivent les tensions entre Kinshasa et Kigali.
Selon les Forces armées de la RDC (FARDC), le M23 — appuyé par le Rwanda selon Kinshasa — a mené deux incursions dans le territoire de Kalehe au Sud-Kivu, les 12 et 14 juillet. D’autres attaques ont été enregistrées le même jour dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu, ciblant plusieurs positions militaires congolaises. À cela s’ajoutent des combats signalés dans d’autres zones, notamment contre les groupes d’autodéfense Wazalendo, alliés des FARDC, confirmant une extension géographique du conflit.
Ces nouvelles hostilités surviennent alors que des discussions entre les autorités congolaises, les responsables de l’AFC/M23 et le gouvernement rwandais se tiennent actuellement à Doha, sous l’égide de médiateurs internationaux. Le 27 juin dernier, un accord avait été signé à Washington avec pour objectif de mettre fin aux affrontements. Mais sur le terrain, l’impact de cet engagement reste inexistant. Depuis plusieurs mois, les précédents cessez-le-feu n’ont jamais tenu durablement, et les protagonistes continuent de se rejeter la responsabilité des violations.
Les combats ont des conséquences directes sur les populations civiles. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) rapporte que plus de 4 000 personnes ont été contraintes de fuir leurs villages en juin, principalement dans les territoires de Masisi et de Rutshuru. La dégradation de la situation rend difficile l’acheminement de l’aide humanitaire et accentue les risques d’épidémies, d’insécurité alimentaire et d’enrôlement forcé de civils, notamment de mineurs.
Le soutien présumé du Rwanda au M23, régulièrement dénoncé par Kinshasa, alimente une crise diplomatique récurrente entre les deux pays. Malgré les pressions internationales, Kigali nie toute implication directe, tandis que les preuves recueillies par l’ONU ou des ONG pointent régulièrement une assistance logistique ou militaire. L’inefficacité des mécanismes de dialogue régionaux et le double langage de certains acteurs continuent d’entraver tout règlement durable.
Alors que l’armée congolaise peine à contenir les assauts et que les groupes armés prolifèrent, l’est du Congo semble piégé dans une guerre d’usure. La population civile paie le prix fort d’un conflit qui combine enjeux locaux, appétits économiques et rivalités géopolitiques régionales. Tant que les acteurs internationaux se contenteront de médiations sans leviers coercitifs, la paix restera hors de portée. Le terrain, lui, continue de parler le langage des armes.