En route vers le Nigeria, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelaty, a fait une brève escale à N’Djaména. L’occasion d’un échange stratégique avec son homologue tchadien, Abdoulaye Sabre Fadoul. Les deux diplomates ont profité de cette halte pour passer en revue les grandes lignes d’une coopération bilatérale en pleine relance.
Au cœur de leur discussion figurent plusieurs secteurs jugés prioritaires : sécurité, agriculture, santé, éducation, infrastructures, commerce et technologies. Un éventail large qui traduit l’ambition des deux capitales de renforcer une relation plus opérationnelle. Le projet d’exemption de visa entre les deux pays, inscrit à l’ordre du jour de la prochaine commission mixte prévue en septembre 2025, illustre cette volonté d’approfondir les liens humains et économiques.
Cette dynamique bilatérale s’inscrit dans un contexte où N’Djaména et Le Caire cherchent à aligner leurs visions politiques. Les deux ministres ont salué la convergence entre les présidents Mahamat Idriss Déby Itno et Abdel Fattah Al-Sissi, tous deux engagés dans un discours panafricain visant à faire émerger une voix africaine plus forte et unie sur la scène internationale.
Côté tchadien, l’appel aux investisseurs égyptiens pour participer au Plan national de développement, avec une réunion prévue à Abu Dhabi, témoigne d’une volonté de mobiliser des partenaires au-delà des discours. La stabilité régionale, facteur clé pour attirer ces capitaux, reste néanmoins une priorité partagée, notamment au regard de la crise au Soudan et de la menace terroriste persistante.
En filigrane, cette rencontre renforce l’image d’une diplomatie africaine qui se structure de plus en plus autour d’alliances Sud-Sud. La relance des mécanismes bilatéraux, comme la commission mixte, montre que les États africains entendent désormais bâtir des coopérations fondées sur des intérêts partagés, et non dictées par des agendas extérieurs.
Si cette escale illustre un partenariat dynamique, elle rappelle aussi les limites des diplomaties de transit, souvent peu suivies d’effets concrets. Pour que ces engagements produisent des résultats, il faudra que la commission mixte prévue en septembre débouche sur des accords exécutés dans les faits. Sans cela, ces échanges resteront au stade de déclarations de bonne intention.