À la veille de la rencontre prévue le 15 août à Anchorage entre Donald Trump et Vladimir Poutine, aucun signe d’assouplissement n’émane du Kremlin concernant le conflit en Ukraine. Les médias russes proches du pouvoir insistent sur le caractère non négociable des quatre régions annexées en septembre 2022, désormais inscrites dans la Constitution russe, et sur le refus d’en discuter lors des pourparlers.
Malgré les déclarations de Donald Trump évoquant d’hypothétiques « échanges de territoires », la presse russe écarte tout scénario impliquant une restitution des régions occupées. Selon le quotidien Moskovski Komsomolets, la seule question pouvant être posée est celle de la reconnaissance internationale de leur appartenance à la Russie. Poutine exige également un retrait complet des forces ukrainiennes de ces territoires avant tout cessez-le-feu. Un compromis limité pourrait concerner les régions de Soumy et de Kharkiv, occupées en partie par les troupes russes, mais uniquement pour les transformer en zones tampons, non pour les restituer à Kiev.
Ces positions s’inscrivent dans un rapport de force figé depuis l’annexion de 2022 et les contre-offensives ukrainiennes de 2023. En juin 2024, Poutine avait déjà fixé ces conditions comme base de toute négociation. Les récentes avancées russes dans la région de Donetsk, notamment vers la ville stratégique de Lyman reprise par Kiev à l’automne 2022, renforcent la rhétorique de fermeté du Kremlin à l’approche du sommet.
Le Kremlin a annoncé que les discussions avec Trump porteront aussi sur la sécurité internationale et la coopération bilatérale. Le sommet débutera par un entretien en tête-à-tête, suivi de négociations élargies aux délégations et d’un déjeuner de travail. Une conférence de presse conjointe est prévue pour présenter les conclusions, même si aucune durée limite n’a été fixée pour les échanges.
La délégation qui accompagnera Poutine comprendra le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le ministre de la Défense Andreï Belooussov, le ministre des Finances Anton Silouanov, ainsi que l’émissaire économique Kirill Dmitriev et le conseiller diplomatique Iouri Ouchakov. Leur présence illustre la volonté de Moscou d’aborder à la fois les dimensions militaires, économiques et diplomatiques du dossier ukrainien.
En l’état, les positions irréconciliables des deux camps laissent peu d’espoir pour une percée diplomatique. Moscou cherche avant tout à consolider ses gains territoriaux et à obtenir une reconnaissance internationale, tandis que Kiev et ses alliés refusent toute légitimation des annexions. Le sommet d’Anchorage pourrait donc servir davantage à réaffirmer les lignes rouges qu’à ouvrir une voie vers un règlement durable du conflit.