À deux mois de l’élection présidentielle prévue en octobre, l’opposition camerounaise multiplie les tractations pour présenter un candidat unique face au président sortant Paul Biya. Onze prétendants sont officiellement en lice, mais ce nombre pourrait rapidement diminuer si les discussions en cours aboutissent à un consensus. L’objectif : maximiser les chances de victoire en évitant la dispersion des voix.
Selon Paul Mahel, conseiller du candidat Akere Muna, les échanges entre leaders se sont intensifiés et pourraient déboucher dans les prochains jours sur un accord réunissant trois ou quatre figures majeures. Les négociations portent sur un socle de mesures prioritaires à mettre en œuvre en cas de victoire, notamment la résolution définitive de la crise anglophone par l’organisation d’une conférence inclusive.
Le climat politique reste marqué par près de quatre décennies de pouvoir de Paul Biya et par les divisions chroniques de l’opposition. Les précédents scrutins ont souvent été caractérisés par une multitude de candidatures, affaiblissant toute possibilité de victoire face au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). La crise anglophone, qui perdure depuis 2016, constitue un enjeu central, tout comme les débats sur la forme de l’État et la révision de la Constitution, certains candidats souhaitant limiter le mandat présidentiel à cinq ans renouvelable une seule fois.
La coalition en gestation reste ouverte à d’autres leaders, y compris ceux dont les candidatures ont été rejetées par le Conseil constitutionnel. Maurice Kamto et son ancienne formation, le MRC, sont particulièrement courtisés. Leur ralliement à un candidat consensuel pourrait jouer un rôle déterminant, tout comme celui d’anciens candidats issus de formations plus modestes mais disposant d’un ancrage local solide.
Parmi les personnalités pressenties pour incarner cette candidature unique, Bello Bouba Maïgari apparaît en position favorable. Ancien ministre et ex-allié du pouvoir, il bénéficie d’une longue expérience politique et d’un réseau étendu, notamment dans le Nord, région stratégique sur le plan électoral. Cette implantation géographique pourrait constituer un atout majeur pour fédérer des soutiens dans l’ensemble du pays.
Reste que cette tentative d’unité comporte des risques. Les ambitions personnelles, les divergences programmatiques et la méfiance héritée des alliances passées pourraient fragiliser le processus. Mais dans un paysage politique dominé depuis des décennies par un seul parti, de nombreux observateurs estiment que seule une candidature unique pourrait sérieusement menacer la réélection de Paul Biya.