Le gouvernement gabonais a annoncé, mardi 12 août, l’interdiction pour les étrangers d’exercer une série de petits métiers, afin de réduire le chômage et de reprendre le contrôle d’une partie de l’économie informelle. Le commerce de proximité, la réparation de téléphones et petits appareils, la coiffure et les soins esthétiques de rue, l’orpaillage artisanal, l’achat de récoltes, ou encore la gestion de petits ateliers et de machines de jeux sont désormais réservés aux nationaux.
Devant l’Assemblée nationale, une centaine de jeunes diplômés, membres d’un mouvement de lutte contre le chômage, ont organisé un sit-in pour demander leur intégration dans la fonction publique. S’ils saluent l’idée de protéger l’emploi local, ils estiment que la décision ne répond pas à leurs attentes. « Il y a dans ce pays des masters, des licences, des BTS. Ce n’est pas pour dire que les petits métiers sont des sous-métiers, mais nous voulons être employés à notre juste valeur », déclare leur porte-parole, Humber Essono Messa.
Le chômage des jeunes diplômés est un problème récurrent au Gabon, où l’économie peine à absorber une main-d’œuvre qualifiée en expansion. La petite économie, largement dominée par des étrangers depuis des années, reste un secteur stratégique mais précaire. Les autorités misent sur une « nationalisation » partielle de ces activités pour stimuler l’emploi local, dans un pays où les opportunités formelles sont rares et souvent concentrées dans la fonction publique ou les grandes entreprises.
Si cette mesure pourrait créer des opportunités à court terme, sa réussite dépendra de la capacité des Gabonais à occuper effectivement ces métiers. Certains craignent un manque d’engouement ou de moyens financiers pour s’y lancer. Johnson, 20 ans, vendeur dans le plus grand marché de Libreville, reste sceptique : « Si on nationalise le commerce, ça va aider. Mais les Gabonais sont souvent réticents à ce genre de travail. »
Murielle Engonga, employée dans un petit bureau de paris hippiques, affirme être « prête à aller prendre le charbon » pour un emploi, signe que certains sont disposés à tout essayer pour subvenir à leurs besoins. Mais sur le terrain, de nombreux Librevillois rappellent que les activités ciblées exigent un investissement initial et une endurance que tous ne sont pas prêts à fournir, ce qui pourrait limiter l’impact de la réforme.