Le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno a réaffirmé, lundi 18 août, sa confiance au ministre Ismaël Souleymane Lony, malgré la diffusion d’audios jugés compromettants. Ces enregistrements, largement relayés sur les réseaux sociaux, révèlent des propos sensibles portant à la fois sur la sécurité de l’État et sur la sphère privée du chef de l’État.
Selon Déby, ces fuites, datant du début de la transition et antérieures à la nomination de Lony, ne visent pas l’homme en tant que tel mais les fonctions qu’il occupe aujourd’hui à la tête de l’Agence nationale de sécurité de l’État (ANSE). Le président a dénoncé une manœuvre politique visant à fragiliser l’institution sécuritaire du pays et à discréditer l’un de ses piliers. Tout en reconnaissant que son ministre avait fait preuve « de légèreté » dans ses propos privés, il a insisté sur sa loyauté et son engagement.
Ismaël Souleymane Lony, général élevé au rang de ministre en mars 2025, dirige un organe central du dispositif sécuritaire tchadien. La diffusion d’audios où il évoque des conspirations contre des généraux influents, la localisation de la chambre présidentielle ou encore des fonds attribués au chef de l’État, survient dans un contexte où la transition reste fragile. Le pouvoir de Mahamat Idriss Déby, déjà contesté, se voit ainsi exposé à des attaques mettant en lumière des divisions internes et un déficit de confiance au sommet de l’État.
Cette affaire soulève des interrogations sur la solidité des institutions tchadiennes et sur la gestion de la transition politique. Si Déby choisit de maintenir Lony à son poste, par fidélité ou nécessité stratégique, cette décision pourrait accentuer les critiques de l’opposition et nourrir la perception d’un pouvoir tolérant envers les dérives internes tant qu’elles restent loyales au président. Le risque est de renforcer l’image d’un système politique centré sur la loyauté personnelle plutôt que sur la responsabilité institutionnelle.
Pour le président, il s’agit d’une « calomnie éhontée » relevant de rivalités familiales et de luttes intestines. Mais pour de nombreux observateurs, l’incident illustre surtout l’érosion des garde-fous politiques et la faiblesse d’un appareil sécuritaire exposé aux intrigues internes. La circulation massive des audios sur WhatsApp et Telegram souligne par ailleurs le rôle croissant des réseaux sociaux dans la contestation et la déstabilisation du pouvoir.