Le Japon a annoncé la formation de 30 000 experts africains en intelligence artificielle (IA) sur trois ans. Cette initiative, présentée par le Premier ministre Shigeru Ishiba lors de l’ouverture de la TICAD-9 à Yokohama le 20 août 2025, vise à accélérer la transformation numérique et à créer de nouveaux emplois sur le continent. Tokyo veut ainsi renforcer son rôle de partenaire de référence pour l’Afrique dans un secteur stratégique.
Le plan japonais prévoit l’ouverture de cours d’IA et de Data Science dans plusieurs universités africaines, notamment au Kenya et en Ouganda. Ces formations, organisées en partenariat avec des experts comme Yutaka Matsuo de l’Université de Tokyo, porteront sur l’application de l’IA dans l’agriculture, la logistique ou encore l’industrie manufacturière. En parallèle, Tokyo formera 300 000 personnes supplémentaires dans d’autres domaines, dont 35 000 dans la santé et la médecine, renforçant ainsi l’investissement dans le capital humain.

La Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), organisée tous les trois ans depuis 1993, est l’un des principaux cadres de coopération entre le Japon et l’Afrique. Contrairement aux éditions précédentes, Tokyo n’a pas communiqué cette année de montant global d’aide, privilégiant la mise en avant de projets ciblés. Cette stratégie illustre la volonté du Japon de se distinguer de la Chine, dont l’influence en Afrique repose sur des prêts massifs pour les infrastructures, souvent accusés d’alimenter le surendettement des États.
Outre la formation, le Japon a annoncé un prêt potentiel de 5,5 milliards de dollars, en coordination avec la Banque africaine de développement, pour soutenir la croissance durable et alléger la dette africaine. Tokyo propose aussi la création d’une « zone économique » reliant l’océan Indien à l’Afrique afin de stimuler l’intégration régionale et l’industrialisation. Enfin, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) prévoit, avec des acteurs privés, 1,5 milliard de dollars d’investissements d’impact destinés à la réduction des émissions et à la transition écologique.
La stratégie japonaise mise sur un modèle plus sobre que celui de Pékin. Plutôt que de multiplier les chantiers d’infrastructures, Tokyo cherche à développer les compétences locales, à renforcer la résilience des économies et à améliorer les conditions de vie. Ce repositionnement répond aux attentes d’une partie des élites africaines qui dénoncent la dépendance accrue vis-à-vis des financements chinois. La présence à Yokohama de dirigeants comme Bola Tinubu (Nigeria), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud) et William Ruto (Kenya) traduit l’intérêt des grandes puissances africaines pour ce partenariat alternatif.