À l’issue de son 11ᵉ congrès, le Front de libération nationale (FLN) a élu Abdelkrim Benmbarek à sa tête. Le nouveau secrétaire général promet de « réhabiliter le parti » et de donner plus de place aux militants de base. Les résolutions adoptées mettent en avant une restructuration interne censée préparer le retour du FLN au premier plan, à l’approche des prochaines échéances électorales.
Si le discours officiel insiste sur le renouveau, les annonces rappellent surtout la volonté du FLN de préserver son statut de premier parti du pays. En réaffirmant son soutien au dialogue lancé par le président Abdelmadjid Tebboune, Benmbarek a réitéré un alignement étroit avec le pouvoir. Plus qu’un projet politique autonome, le parti semble mettre en avant une stratégie d’allégeance à l’exécutif, confondant restructuration et ralliement.
Héritier de l’indépendance, le FLN domine la scène politique depuis 1962. Mais son image reste associée à la pérennisation du statu quo et à la marginalisation des voix critiques. Les références récurrentes à « l’unité nationale » et au « front patriotique » prolongent une rhétorique vieille de plusieurs décennies, utilisée pour justifier le verrouillage de la vie politique et réduire l’espace de contestation.
En se présentant comme force de stabilité et pilier du régime, le FLN espère sécuriser une place centrale dans les prochaines élections. Cependant, cette stratégie interroge : loin d’incarner une offre politique nouvelle, le parti se positionne surtout comme un garant de continuité dans un système où la compétition démocratique reste étroitement contrôlée. La restructuration annoncée apparaît davantage comme un ajustement tactique que comme une transformation en profondeur.
La mise en avant de nouvelles commissions et de bureaux régionaux vise à donner l’image d’un parti modernisé. Mais pour une partie de l’opinion, ce discours masque la réalité : le FLN continue de s’appuyer sur son histoire et sa proximité avec le pouvoir plutôt que sur un projet alternatif. Son retour sur le devant de la scène réactive ainsi les critiques d’une société qui voit dans le parti moins une force d’innovation qu’un instrument de légitimation du régime.
En multipliant les promesses de renouveau, le FLN cherche à convaincre qu’il reste un acteur incontournable. Pourtant, son rôle apparaît moins comme celui d’un parti politique en quête de réforme que comme celui d’un appareil en mission de survie, chargé d’assurer la continuité d’un système figé. Le congrès de Benmbarek illustre ainsi la difficulté du FLN à se réinventer sans rompre avec une culture politique qui l’a façonné depuis l’indépendance.