La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a réuni à Abuja, du 27 au 29 août 2025, ses experts financiers et militaires pour définir un mécanisme de financement durable de la Force en attente. Cet instrument, considéré comme essentiel dans la lutte contre le terrorisme et la prévention des coups d’État, doit désormais passer du concept à la réalité, malgré le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso.
Après avoir arrêté en juillet 2025 un cadre de formation pour les composantes militaires, policières et civiles de cette force, l’organisation se concentre désormais sur son volet budgétaire. Les discussions portent sur de nouvelles modalités de mobilisation de ressources, notamment un renforcement du mécanisme de prélèvement communautaire et la récupération des contributions impayées par certains États. Ces travaux répondent aux directives du 67ᵉ sommet des chefs d’État de juin dernier, qui avait fixé comme priorité l’opérationnalisation rapide de la Force.
L’initiative intervient dans une région fragilisée par la multiplication des attaques terroristes au Bénin, au Nigéria et au Togo, et par les tensions politiques liées aux changements anticonstitutionnels de gouvernement. Le retrait des trois pays sahéliens a fragilisé l’unité de l’organisation, ces derniers accusant la Cédéao de complaisance face aux offensives jihadistes et d’ingérence occidentale. Dans ce climat, la Force en attente apparaît comme un test de crédibilité pour l’organisation régionale.
L’objectif affiché est de constituer une force de 5 000 hommes, dont une brigade antiterroriste de 1 650 soldats. La mission déployée en Sierra Leone en soutien aux forces nationales, composée de 1 200 hommes, illustre déjà la volonté d’agir de manière concrète. Pour le président nigérian Bola Ahmed Tinubu, il s’agit d’accélérer la transformation de la Force en un outil capable d’intervenir rapidement et efficacement dans les crises à venir.
Ces efforts s’inscrivent dans une dynamique de coopération élargie. Déjà en août 2024, lors de la 42ᵉ réunion du Comité des chefs d’état-major de la Cédéao, les militaires avaient insisté sur la nécessité de mutualiser le renseignement et d’unifier la riposte face à la criminalité transnationale. Les partenariats avec l’Initiative d’Accra et la Force multinationale mixte du lac Tchad viennent renforcer cette approche collective.
La Cédéao a parallèlement défini un cadre de formation intégrant le respect des droits humains, la prévention des conflits et la prise en compte du genre. Ce dispositif, élaboré avec l’appui de partenaires internationaux tels que l’Union européenne, l’Allemagne, la France et l’Espagne, vise à crédibiliser davantage la Force en attente en l’inscrivant dans une logique de professionnalisme et de conformité aux normes internationales.
Au-delà de l’urgence sécuritaire, l’enjeu est stratégique. La Cédéao présente la Force en attente comme une « mesure audacieuse et nécessaire » pour concrétiser sa Vision 2050, qui ambitionne une Afrique de l’Ouest intégrée, pacifique et résiliente. La réussite de ce projet dépendra cependant de la capacité des États membres à dépasser leurs divisions politiques et à assumer collectivement le coût financier d’une sécurité régionale partagée.