Le Village de St-Pierre-Jolys au Manitoba fait partie des 18 communautés sélectionnées à travers le Canada pour participer au programme pilote d’immigration dans les communautés francophones (PPICF). Ce programme ouvre la voie à la résidence permanente.
Le programme pilote d’immigration dans les communautés francophones suscite de plus en plus d’intérêt pour de nombreux nouveaux arrivants. Saint-Pierre-Jolys participe au PPICF depuis février 2025. L’administration municipale dit avoir déjà reçu, à elle seule, plus d’une soixantaine de demandes de migrants qui souhaitent s’installer dans cette localité d’environ 1300 habitants située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Winnipeg. Les demandes peuvent être faites à travers d’autres canaux tant de l’administration fédérale que provinciale. Le maire Raymond Maynard dit avoir reçu personnellement plus de 15 courriels en une journée dès la première communication sur cette participation du village au programme pilote.
Ce sont des gens de la France, de l’Asie, de l’Afrique, des Philippines, de partout au monde. Nous avons même deux immigrants des Philippines qui travaillent dans la principale boulangerie ici. C’est fantastique, ce programme a créé un grand intérêt pour ce village qui s’agrandit et c’est ce qu’on souhaite, dit le maire, les yeux pétillants de joie.
Raymond Maynard espère que plusieurs projets immobiliers en cours de réalisation permettront d’améliorer la capacité d’accueil. Il se réjouit de la construction récente d’un édifice de 36 unités à l’entrée du village. Avec le même développeur immobilier, deux autres bâtiments sortiront bientôt de terre sur ce même espace avec respectivement 18 et 12 maisons d’habitation à même d’accueillir des familles entières. Il s’agit des appartements de 2 à 3 chambres à coucher à des prix battant toute concurrence en zone urbaine. Le maire Maynard se dit heureux de signaler qu’on trouve encore dans sa localité, des appartements dont les prix varient entre 900$ et 1400$ selon le nombre de chambres à coucher. La capitale manitobaine, Winnipeg, offre de moins en moins de possibilités de logements avec l’arrivée massive des migrants en provenance d’Inde et d’Afrique. Selon Statistique Canada, près de 60 000 immigrants ont été admis au Manitoba entre 2016 et 2021, avec une forte concentration à Winnipeg. Ces arrivées massives sont aussi renforcées par le programme des candidats du Manitoba, un programme économique destiné à attirer les travailleurs qualifiés qui souhaitent s’établir dans la province. De plus, le Manitoba fait partie des provinces qui ont entendu en juillet 2024, l’appel à l’aide lancé par le premier ministre du Québec, François Legault, pour accueillir son trop-plein de demandeurs d’asile. Depuis près de 2 ans, le Québec se plaint d’accueillir pratiquement la moitié des demandeurs d’asile au pays alors que son poids démographique ne représente que 22% de la population canadienne.
Il est aussi prévu à Saint-Pierre-Jolys, la construction d’un autre édifice derrière le bureau local de la Gendarmerie royale du Canada. De grands tas de sable, des traces de camions de livraison et des piles de chevrons disposés sur un vaste terrain annoncent un chantier intensif dans le coin. Ce sont donc au total près de 180 places à louer qui devraient être disponibles avant la fin de cet automne.
Ce programme pilote est une voie d’accès à la résidence permanente pour les travailleurs qualifiés qui souhaitent travailler et vivre dans l’une des communautés rurales et de petites tailles sélectionnées par le gouvernement fédéral canadien. Pour sa mise en œuvre, chaque collectivité sélectionnée sera représentée par un organisme de développement économique local qui collaborera avec Immigration, réfugiée et citoyenneté Canada, le ministère fédéral responsable de l’immigration au Canada (IRCC). À Saint-Pierre-Jolys,la qualité des personnes qui postulent au programme passe au premier filtre du village, en partenariat avec le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM). Ensuite, le village les met en contact avec des employeurs potentiels, qui participent eux-mêmes à des séances d’information sur le processus. Le programme pilote est aussi réalisé en collaboration avec l’Association des municipalités bilingues du Manitoba (AMBM) et le Conseil de développement économique des communautés bilingues du Manitoba (CDEM).
En plus de Saint-Pierre-Jolys, d’autres collectivités, telles que la Péninsule acadienne (Nouveau-Brunswick), Sudbury (Ontario), Timmins (Ontario), la Région Supérieure Est (Ontario) et Kelowna (Colombie-Britannique), participent aux Programmes pilotes d’immigration dans les communautés rurales et francophones. Ces programmes permettent de résoudre la pénurie de la main-d’œuvre locale de l’avis du président de la chambre de commerce de Saint-Pierre-Jolys Robert Bruneau.
Des opportunités de rêve pour les immigrants
Au-delà des aspects liés à la qualité de vie plus saine, le premier atout de Saint-Pierre-Jolys est la tranquillité que partagent généralement les localités rurales ou en zone périurbaine.
Vous n’entendez quasiment rien, c’est tranquille, on n’est pas inquiet de laisser les enfants jouer dans la rue, on a la GRC (Gendarmerie royale du Canada), un hôpital, une caisse populaire pour ceux qui ont besoin d’une institution financière, une salle communautaire avec l’aréna, bref, nous avons toutes les infrastructures sociales pour accueillir du monde et surtout de façon abordable, se vante le maire Raymond Maynard.
Ottawa établit le lien entre l’immigration et les transformations profondes des régions éloignées du Canada. Dans un communiqué de presse, le gouvernement fédéral souligne que la faible démographie constitue l’un des principaux obstacles au développement économique et culturel des communautés rurales et francophones.Pour être éligibles au programme pilote, les demandeurs en immigration doivent avoir une offre d’emploi générée par une entreprise locale.
Ce n’est pas facile, mais nous avons déterminé des secteurs dans lesquels les besoins sont plus élevés, souligne M. Maynard, qui rappelle que le bureau de la municipalité rencontre régulièrement les employeurs pour les sensibiliser sur les besoins communs du village et de leurs entreprises en ce qui concerne les ressources humaines. Il soutient qu’en dehors des secteurs professionnels réglementés, il y a de nombreux postes à combler dans les boulangeries, les épiceries et même le monde agricole très prisé pour les terres fertiles de la région.
Ronald Baptiste est un nouvel arrivant qui habite Saint-Pierre-Jolys depuis début juillet. Il dit avoir choisi ce village parce qu’il n’a pas trouvé de travail à Winnipeg. Non seulement j’ai trouvé un emploi, mais on parle deux langues ici, le français et l’anglais, se réjouit-il.Les secteurs prioritaires retenus en mai dernier pour l’emploi direct des immigrants sont l’éducation, les ventes et services, les métiers , le transport, la machinerie et les domaines apparentés, les finances et l’administration. Selon la directrice de Saint-Pierre-Jolys, Tina Bubenzer, les professionnels de la santé représentent les besoins les plus urgents dans le village. Le recrutement des médecins en général est très difficile au Canada, mais encore plus dans les régions rurales. Toutes les informations relatives à ce programme d’immigration figurent sur le site web du village.Pour toute question ou demande de renseignements, les demandeurs peuvent également écrire à l’adresse ppicf@cdem.com
