Les États-Unis ont annoncé, samedi 27 septembre, la levée des restrictions de durée appliquées depuis juillet aux visas d’affaires, de tourisme et d’études pour les ressortissants ghanéens. La décision, confirmée par l’ambassade américaine à Accra, met fin à une mesure qui limitait drastiquement la validité des visas à trois mois. Elle a été accueillie avec soulagement au Ghana, cinquième pays africain en nombre de visas américains obtenus.
Le ministre des Affaires étrangères, Samuel Okudzeto Ablakwa, avait annoncé la nouvelle la veille sur les réseaux sociaux, évoquant « des mois de négociations diplomatiques ». Pour de nombreux Ghanéens, cette décision marque un retour à la normale : en 2024, le pays figurait parmi les principaux bénéficiaires de visas étudiants et se classait au deuxième rang africain dans cette catégorie. La levée des restrictions devrait donc faciliter la mobilité des étudiants, des hommes d’affaires et des touristes ghanéens.
Ces restrictions avaient été imposées en juillet par l’administration Trump, visant également le Cameroun, l’Éthiopie et le Nigéria. Elles s’inscrivaient dans une stratégie de pression diplomatique exercée sur certains pays africains accusés de ne pas coopérer suffisamment sur les questions migratoires. Leur assouplissement soudain, réservé au seul Ghana, pose donc question sur les raisons réelles de ce revirement américain.
La levée des restrictions intervient quelques semaines après que le Ghana a accepté de recevoir des migrants expulsés des États-Unis, y compris en provenance de pays tiers. Officiellement, Accra a présenté cet accord comme un geste de solidarité envers les ressortissants ouest-africains. Mais plusieurs analystes y voient une contrepartie directe à l’allègement des règles de visas, illustrant le caractère transactionnel de la diplomatie migratoire américaine.
Pour Bright Simons, vice-président honoraire du think tank Imani, le lien entre les deux événements ne fait guère de doute : « C’est la seule explication plausible », estime-t-il. Le politologue souligne que ni le Cameroun ni le Nigéria, soumis aux mêmes restrictions depuis juillet, n’ont bénéficié de la même faveur, faute d’avoir conclu un accord similaire avec Washington. Ce constat alimente les critiques de ceux qui estiment que le Ghana a cédé à la pression américaine.
Si la décision profite immédiatement aux étudiants et aux voyageurs ghanéens, elle soulève des interrogations sur la marge de manœuvre du pays face à Washington. L’accord migratoire pourrait exposer Accra à une gestion complexe des expulsés, tandis que la relation bilatérale risque de se réduire à une logique de concessions mutuelles. Les prochains mois permettront de mesurer si cette volte-face américaine ouvre la voie à une coopération plus équilibrée ou si elle consacre une dépendance renforcée.