L’Éthiopie et la Russie ont signé un plan d’action en vue de la construction d’une centrale nucléaire sur le sol éthiopien. L’annonce a été faite à Moscou à l’issue d’une rencontre entre le Premier ministre Abiy Ahmed et le président Vladimir Poutine. Le projet associe la société publique russe Rosatom et la Société éthiopienne d’électricité.
Le document, signé par Alexeï Likhatchev, directeur général de Rosatom, et Gedion Timotheos, ministre éthiopien des Affaires étrangères, définit les étapes de coopération technique et institutionnelle nécessaires à la réalisation de cette centrale. Pour Moscou, il s’agit d’un partenariat stratégique avec un allié africain de longue date, tandis qu’Addis-Abeba y voit une réponse à ses besoins énergétiques croissants.
Les liens diplomatiques entre l’Éthiopie et la Russie remontent à 1898. Le Kremlin souligne que les relations bilatérales n’ont cessé de se consolider, notamment depuis l’arrivée d’Abiy Ahmed au pouvoir. La Russie mise sur cette coopération pour accroître son influence en Afrique, alors que l’Éthiopie cherche à diversifier ses partenariats dans un contexte de tensions avec certains bailleurs occidentaux.
Pour Abiy Ahmed, présent à Moscou dans le cadre de la Semaine mondiale de l’énergie atomique, ce projet nucléaire illustre l’ambition de son pays de se doter d’infrastructures modernes capables de soutenir son développement. L’objectif est double : combler le déficit énergétique national et affirmer un rapprochement stratégique avec Moscou. Ce choix positionne l’Éthiopie dans le camp des pays africains misant sur le nucléaire civil pour répondre à leurs besoins en énergie propre.
Selon les deux parties, le projet s’inscrit dans une vision globale axée sur la promotion des énergies propres et la stimulation du développement social et économique. Mais il soulève aussi des interrogations : financement, délais de construction, encadrement des normes de sécurité nucléaire. Pour l’Éthiopie, l’enjeu sera de concilier ses ambitions énergétiques avec les défis de gouvernance et de transparence.
Au-delà de ce projet, la coopération éthiopienne et russe couvre aussi les secteurs de l’agriculture, de la santé et de la défense. Ce rapprochement traduit une volonté d’Addis-Abeba de réduire sa dépendance vis-à-vis de ses partenaires traditionnels et de s’inscrire dans la recomposition des équilibres géopolitiques mondiaux. La participation conjointe d’Abiy Ahmed et de Vladimir Poutine au Forum mondial de l’énergie atomique confirme cette orientation vers un partenariat global.