La plateforme d’opposition Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC) a annoncé qu’elle ne participera pas au quadruple scrutin prévu en Centrafrique le 28 décembre 2025. Le président Faustin-Archange Touadéra a signé, le 29 septembre, le décret convoquant les électeurs pour cette échéance électorale inédite qui regroupera présidentielle, législatives, régionales et municipales.
Malgré les appels du BRDC à suspendre les préparatifs afin de permettre un dialogue politique, le chef de l’État a confirmé le maintien du calendrier établi par l’Autorité nationale des élections (ANE). Pour Crépin Mboli-Goumba, coordinateur du BRDC, cette décision enterre définitivement l’idée d’un dialogue. Il dénonce « la convocation illégale d’un corps électoral inexistant » et assure que le boycott est une position de principe face à un processus qu’il juge biaisé.
Un processus de concertation avait été lancé début septembre, mais il n’a jamais réellement pris forme. L’opposition estime que le pouvoir n’a jamais eu la volonté d’engager un débat sincère sur les conditions de tenue des élections. Cette méfiance s’inscrit dans un climat politique marqué depuis plusieurs années par des tensions récurrentes autour de la légitimité des scrutins et par une défiance croissante des opposants vis-à-vis de l’appareil électoral.
Le quadruple scrutin du 28 décembre apparaît désormais comme un rendez-vous placé sous le signe de la contestation. En l’absence de la principale coalition d’opposition, le processus pourrait renforcer les accusations de dérive autoritaire déjà adressées au pouvoir de Bangui. Le maintien du calendrier, sans compromis politique, laisse planer le risque d’un scrutin peu inclusif dont la crédibilité pourrait être contestée à l’intérieur comme à l’international.
Pour sa part, l’Autorité nationale des élections se veut rassurante. Son président, Mathias Morouba, a indiqué que les préparatifs logistiques avançaient normalement, avec la commande des cartes d’électeurs et du matériel électoral. Cette communication vise à convaincre que l’organisation technique ne souffrira pas du retrait de l’opposition, mais elle ne dissipe pas les interrogations sur la légitimité du processus.
Le choix du BRDC de boycotter l’élection fragilise davantage la scène politique centrafricaine. D’un côté, il réduit les chances d’une compétition pluraliste. De l’autre, il ouvre la voie à un scrutin dominé par le pouvoir en place, ce qui pourrait accentuer les divisions et nourrir de nouvelles contestations après le vote. La décision du président Touadéra de déposer sa candidature pour un nouveau mandat s’inscrit ainsi dans un contexte de polarisation extrême.