À neuf jours du scrutin présidentiel prévu le 12 octobre 2025, la candidature de Bello Bouba Maigari gagne en visibilité. Son parti, l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), a annoncé une nouvelle vague de ralliements, après ceux déjà actés d’Ateki Caxton et d’Akere Muna. Selon son porte-parole, Pierre Flambeau Ngayap, d’autres soutiens pourraient encore se manifester dans les jours à venir.
L’UNDP ne vise pas un rassemblement exhaustif mais plutôt sélectif. « Le but est d’identifier les candidats capables de renforcer notre position face au président sortant, pas de rallier tout le monde », a précisé Ngayap lors d’un point presse. Parmi les nouveaux appuis figurent l’aile Habiba Issa de l’Union des populations du Cameroun (UPC) et Benoît Assiga, président du Cameroon Workers Forum. L’objectif est clair : créer un rapport de force suffisant pour peser dans les urnes.
Ce jeu d’alliances intervient alors que Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, brigue un huitième mandat à 92 ans. Son septième mandat, marqué par des tensions politiques et sociales persistantes, se termine sur fond de lassitude d’une partie de l’opinion. Face à lui, onze candidats ont été validés par le Conseil constitutionnel. Mais la dispersion des voix dans l’opposition risque, comme lors des précédents scrutins, de profiter au président sortant. Les ralliements autour de Bello Bouba Maigari cherchent précisément à contrer cet éparpillement.
Si l’UNDP réussit à attirer davantage de soutiens dans les prochains jours, il pourrait se positionner comme le principal pôle de regroupement de l’opposition. Toutefois, un rapprochement avec Issa Tchiroma, autre figure du Nord et ancien ministre de Paul Biya, paraît pour l’instant exclu. Cette limite illustre les rivalités internes qui continuent de freiner l’émergence d’un front unique contre le président sortant. Les prochains jours de campagne seront décisifs pour mesurer la portée réelle de cette dynamique.
L’expérience politique camerounaise montre que les alliances de dernière minute peinent souvent à peser face à l’appareil du pouvoir. Même renforcé par quelques figures d’opposition, Bello Bouba Maigari devra convaincre au-delà des cercles politiques traditionnels pour espérer inquiéter le RDPC de Paul Biya. Les mobilisations locales, la capacité de financement et l’implantation dans les zones rurales resteront des facteurs déterminants.
La stratégie de l’UNDP repose sur une logique pragmatique : capter les électorats disponibles sans perdre du temps à chercher une impossible unité totale de l’opposition. Ce choix peut lui permettre de concentrer ses efforts, mais il comporte un risque évident : celui de se retrouver avec une coalition numériquement insuffisante face à l’hégémonie du président sortant. En l’absence d’un consensus large, les alliances annoncées, même spectaculaires à court terme, pourraient n’avoir qu’un impact limité sur l’issue du scrutin.