Après douze années de silence, l’aéroport international du golfe de Syrte a rouvert ses pistes ce samedi, marquant un tournant pour cette ville côtière meurtrie par les conflits. Trois vols commerciaux, en provenance de Tripoli et de Benghazi, ont atterri sur le tarmac fraîchement remis en service, selon l’Agence de presse libyenne.
Deux des appareils, opérés par MedSky Airlines et Buraq Airlines, ont décollé de Tripoli, tandis qu’un troisième, assuré par Berniq Airlines, provenait de Benghazi. Au-delà de la simple reprise du trafic aérien, ces premiers vols symbolisent une tentative de reconnection entre l’ouest et l’est du pays, encore divisés par des lignes politiques et militaires. L’aéroport, construit sur un site de 25 km², a une capacité annuelle estimée à 500 000 passagers.
Fermé depuis 2013, l’aéroport avait subi d’importants dégâts à la suite du soulèvement de 2011 et des affrontements prolongés qui ont ravagé la Libye. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi, le pays reste déchiré entre deux pouvoirs : le gouvernement d’union nationale basé à Tripoli et un exécutif rival à l’est, appuyé par le maréchal Khalifa Haftar et son Armée nationale libyenne.
Située à mi-chemin entre Tripoli et Benghazi, Syrte occupe une position géographique clé. Proche des principaux champs pétroliers et des ports d’exportation, la ville pourrait redevenir un centre logistique vital pour le transport de marchandises et la coordination économique entre les deux pôles du pays. La réouverture de son aéroport renforce aussi les perspectives d’un rapprochement progressif entre les factions libyennes, sous l’impulsion d’initiatives de reconstruction soutenues par des acteurs étrangers.
Si cette réouverture marque un pas vers la normalisation, elle ne suffit pas à dissiper les tensions politiques et sécuritaires qui paralysent la Libye. La stabilité durable dépendra de la capacité des autorités rivales à coopérer sur le terrain, notamment dans la gestion des infrastructures stratégiques. Pour les habitants de Syrte, ce retour à la vie civile suscite à la fois espoir et prudence : après une décennie de divisions, la reconstruction du pays reste un chantier aussi symbolique que fragile.



