Les gouvernements américain et italien ont conjointement appelé, cette semaine, leurs ressortissants à quitter le Mali sans délai. Cet avis d’urgence, publié successivement les 28 et 29 octobre 2025, fait état d’une dégradation rapide et alarmante des conditions de sécurité et de la situation logistique dans le pays.
L’ambassade des États-Unis à Bamako a explicitement demandé à ses citoyens de quitter « immédiatement » le territoire par voie aérienne. Elle a précisé que sa capacité à fournir une assistance consulaire était désormais limitée à la capitale. Le ministère italien des Affaires étrangères a emboîté le pas le lendemain, enjoignant à ses approximately 70 ressortissants, majoritairement basés à Bamako, de partir « dans les plus brefs délais ». Les deux alertes mettent en avant l’impact de la crise énergétique sur la sécurité et la mobilité, rendant toute présence imprévisible et risquée.
Cette double alerte s’inscrit dans un contexte de détérioration continue depuis le début du mois de septembre. La cause immédiate de cette crise est un blocus imposé sur les importations d’hydrocarbures par le groupe armé jihadiste Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM). Celui-ci multiplie les attaques contre les convois de camions-citernes, asphyxiant littéralement le pays. Cette stratégie insurrectionnelle plonge le Mali dans une pénurie de carburant critique, paralysant progressivement l’économie et les services essentiels.
Les perspectives à court terme sont sombres. Les autorités maliennes ont déjà dû prendre la mesure radicale de suspendre tous les cours dans les établissements scolaires et universitaires pour deux semaines, citant des « difficultés majeures de déplacement ». Cette paralysie croissante laisse présager une aggravation de la crise humanitaire et sécuritaire. Le risque d’une escalade des tensions sociales et d’une recrudescence des violences communautaires ou criminelles, profitant du désordre ambiant, est réel. La capacité de l’État à répondre à cette crise multidimensionnelle est sévèrement mise à l’épreuve.
Sur le plan diplomatique, ce mouvement coordonné entre Washington et Rome, bien que rare, traduit une analyse convergente et sans appel de la situation. Il acte l’échec des stratégies de sécurisation et isole un peu plus la junte au pouvoir, déjà sous le coup de sanctions régionales et internationales. Les États-Unis maintiennent leur niveau d’alerte le plus élevé pour le Mali, « niveau 4 – Do Not Travel », et déconseillent formellement tout voyage terrestre vers les pays voisins en raison du risque très élevé d’attaques.
Pour les populations maliennes, privées de la possibilité de quitter le territoire, cette double alerte occidentale est un signal fort de l’enfermement du pays dans une crise sans issue apparente. L’impossibilité de garantir les approvisionnements en carburant, denrée vitale pour les transports, les générateurs et l’acheminement de l’aide, fait peser une menace directe sur les conditions de vie de millions de personnes. La communauté internationale semble, pour l’heure, se contenter de mesures de protection de ses ressortissants, sans proposition de solution tangible pour briser l’étau jihadiste et sortir le Mali de l’impasse.



