Une rencontre entre le président nigérian Bola Tinubu et l’ancien président américain Donald Trump est envisagée dans un avenir proche, dans un contexte de fortes tensions diplomatiques déclenchées par des accusations de Washington concernant des violences contre les chrétiens au Nigeria. Cette éventuelle discussion, confirmée par l’entourage de Tinubu, vise explicitement à résoudre des “divergences” récentes et à consolider la coopération sécuritaire entre les deux nations.
Daniel Bwala, conseiller spécial du président nigérian, a officiellement annoncé sur le réseau social X que les deux dirigeants pourraient se rencontrer “dans les prochains jours”. Il a précisé que l’objectif serait d’aborder et d’aplanir les désaccords, que ce soit à Abuja ou à Washington. M. Bwala a également salué le soutien militaire américain, affirmant que l’administration Trump avait “grandement aidé le Nigeria en autorisant la vente d’armes” et que le président Tinubu avait su utiliser ces ressources dans la lutte antiterroriste.
Cette initiative diplomatique survient moins de trois semaines après une déclaration incendiaire de Donald Trump. Le 1er novembre, l’ancien président et candidat républicain a menacé le Nigeria d’une “intervention militaire” s’il ne mettait pas un terme aux “meurtres de chrétiens” qu’il impute à des “terroristes islamistes”. Le gouvernement nigérian a immédiatement rejeté ces allégations, qu’il a jugées infondées, tout en annonçant la création d’une commission d’enquête pour examiner d’éventuels actes de génocide. Cette polémique s’inscrit dans un paysage sécuritaire nigérian marqué par l’activité de groupes jihadistes, de bandes criminelles et de conflits intercommunautaires.
La tenue effective de ce sommet aurait des implications majeures. Elle déterminerait le cadre futur de la coopération sécuritaire nigéro-américaine, cruciale pour Abuja dans sa lutte contre les insurrections. Elle représente également un test diplomatique pour le président Tinubu, qui cherche à maintenir une relation stable avec Washington dans l’hypothèse d’un retour de Trump au pouvoir. L’agenda précis et le format de la rencontre restent à finaliser, mais les enjeux sont déjà clairs : calmer le jeu après les accusations et sécuriser un partenariat stratégique.
La réaction officielle d’Abuja illustre une stratégie de diplomatie proactive. En répondant aux accusations par la création d’une commission d’enquête tout en préparant un dialogue au plus haut niveau, le Nigeria tente de reprendre l’initiative. Cette approche vise à la fois à désamorcer une crise médiatique internationale et à éviter toute forme de condescendance ou de pression unilatérale de la part d’un partenaire étranger, dans un domaine aussi sensible que la souveraineté nationale.
Au-delà des déclarations, la situation sécuritaire sur le terrain demeure extrêmement volatile. La menace terroriste, notamment celle de Boko Haram et de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest, persiste dans le nord-est du pays. Parallèlement, les violences intercommunautaires et les attaques criminelles dans la région Centre-Nord alimentent un cycle de représailles et de déplacement de populations. C’est cette complexité que les déclarations tranchées de Trump peinent à saisir, et que la diplomatie nigériane devra expliquer sans concession.



