L’Ouganda a officiellement remis à la République démocratique du Congo cinq soldats congolais qui avaient fui sur son territoire en juillet pour échapper aux combats intenses contre le groupe rebelle du M23 dans l’est de la RDC. Cette procédure de rapatriement, intervenue lundi à un poste frontalier, a été conduite par l’armée ougandaise qui avait hébergé les militaires durant plusieurs semaines.
Selon un communiqué de l’armée ougandaise, les cinq soldats, tous en bonne santé, n’ont à aucun moment sollicité l’asile politique et ont exprimé leur volonté de réintégrer leur pays. Le commandant Stephen Mugerwa, de la division de montagne ougandaise, a supervisé la cérémonie de remise. Il a profité de cette occasion pour réaffirmer l’engagement des deux armées à œuvrer en étroite collaboration en tant que “partenaires fiables” pour le maintien de la paix et de la stabilité régionale.
Cet incident s’inscrit dans un conflit de longue date dans l’est de la RDC, une région en proie à l’instabilité depuis près de trois décennies. Le groupe rebelle M23, ressurgi fin 2021 après une défaite militaire en 2013, a lancé une nouvelle offensive majeure au printemps 2023, prenant le contrôle de vastes territoires et provoquant des déplacements massifs de population. Les relations entre Kinshasa et Kampala ont été historiquement tendues, la RDC accusant régulièrement son voisin de soutenir, directement ou indirectement, des mouvements rebelles hostiles sur son sol, ce que l’Ouganda a toujours démenti.
À court terme, ce geste de bonne coopération militaire pourrait contribuer à apaiser temporairement les frictions diplomatiques. Cependant, il ne résout en rien les causes profondes de l’insécurité. La persistance des combats contre le M23 laisse présager que de tels incidents de soldats fuyant vers les pays frontaliers pourraient se reproduire. La capacité des forces armées de la RDC à contenir l’avancée des rebelles et la réelle volonté politique des acteurs régionaux de désamorcer les tensions restent les principaux enjeux pour l’avenir immédiat.
L’armée ougandaise justifie son action en invoquant le droit international humanitaire et les normes régionales, qui imposent un traitement humain des militaires étrangers entrant involontairement sur le territoire d’un autre État. Ce cadre juridique offre une base formelle à ce type de rapatriement, en dehors de toute considération politique.
Malgré ce geste de coopération, la méfiance demeure un élément structurant des relations entre les deux pays. La communauté internationale observe avec attention ces interactions, consciente que toute escalade verbale ou militaire entre la RDC et l’Ouganda aurait des conséquences déstabilisantes pour l’ensemble de la région des Grands Lacs. La situation sur le terrain reste extrêmement volatile, et un seul incident peut suffire à compromettre les fragiles avancées diplomatiques.



