Les ministres en charge du numérique de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre se sont engagés, mardi à Cotonou, à accélérer la transformation numérique du continent. Cet engagement est formalisé par la Déclaration de Cotonou, qui fixe un objectif précis : garantir un accès abordable et fiable au haut débit à 90% de la population africaine d’ici à 2030.
La déclaration adoptée à l’issue de ce sommet régional détaille une feuille de route ambitieuse. Au-delà de l’accès au haut débit, les signataires promettent de développer massivement les capacités en intelligence artificielle et de créer un marché numérique intégré. Le texte prévoit également le déploiement d’infrastructures numériques publiques interopérables et l’adoption de cadres harmonisés pour la cybersécurité et la gouvernance des données. Ces mesures visent explicitement à instaurer un environnement de confiance, considéré comme un prérequis au développement du secteur.
Cet engagement s’inscrit dans un contexte de retard persistant et de fractures numériques profondes sur le continent. Malgré une croissance soutenue du nombre d’internautes, la connectivité en Afrique reste souvent chère, de qualité inégale et concentrée dans les zones urbaines. L’initiative de Cotonou s’aligne sur des objectifs continentaux plus larges, comme ceux de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, qui fait du numérique un pilier central du développement économique et de l’intégration régionale.
La réalisation de ces objectifs d’ici 2030 implique des défis colossaux. Les perspectives dépendront largement de la mobilisation d’investissements privés et publics massifs pour les infrastructures, notamment les réseaux de fibre optique et la couverture 4G/5G en zones rurales. La concrétisation de ce plan pourrait profondément transformer les économies des pays signataires, en stimulant l’innovation, le commerce électronique et la création d’emplois dans le secteur des technologies.
Un volet crucial de la déclaration concerne le capital humain. Les ministres se sont engagés à lancer des programmes de formation massive pour doter 20 millions d’Africains de compétences numériques de base. Parallèlement, l’objectif est de permettre à deux millions de jeunes et de femmes de bénéficier d’emplois dans le secteur numérique. Ce focus sur la formation vise à s’assurer que la transformation numérique ne soit pas seulement une question d’infrastructures, mais qu’elle profite également à la population en termes d’employabilité et d’inclusion socio-économique.
La réussite de ce projet ambitieux reposera sur la capacité des États à traduire ces engagements politiques en actions concrètes et en réformes réglementaires. Les observateurs pointent la nécessité d’une coopération renforcée entre les pays pour harmoniser les législations, réduire les coûts de transit internet et créer un véritable marché unique du numérique. La Déclaration de Cotonou marque une étape politique importante, mais son héritage sera jugé à l’aune des réalisations tangibles dans les années à venir.



