Le président nigérian Bola Tinubu a ordonné une riposte militaire urgente mercredi après une double attaque terroriste ayant ciblé à la fois des civils et l’armée dans le nord du pays. Ces violences simultanées, survenues dans les États de Kebbi et de Borno, illustrent la persistance des défis sécuritaires auxquels fait face le gouvernement.
Dans l’État de Kebbi, l’enlèvement d’un nombre non précisé d’écolières par des hommes armés a provoqué une vive émotion nationale. Le président Tinubu a déclaré avoir « le cœur brisé » par cette attaque et a sommé les forces de sécurité de tout mettre en œuvre pour retrouver les jeunes filles. Presque simultanément, dans l’État de Borno, un accrochage avec des insurgés a coûté la vie au général de brigade Musa Uba et à plusieurs de ses hommes. Le groupe État islamique en Afrique de l’Ouest a revendiqué la mort de l’officier.
Cette double crise sécuritaire s’inscrit dans un contexte de recrudescence des activités de groupes armés dans le nord du Nigéria, une région chronically instable. Malgré les opérations militaires de grande envergure menées ces dernières années, des factions de Boko Haram et de l’État islamique continuent de mener des raids contre les populations civiles et d’engager des escarmouches avec l’armée. La capacité de ces groupes à frapper des cibles symboliques, comme des écoles et des officiers supérieurs, souligne leur résilience opérationnelle.
Les perspectives à court terme laissent présager une intensification des opérations militaires dans les zones touchées. L’ordre présidentiel d’agir « rapidement » et avec « fermeté » laisse peu de doute sur la volonté d’Abuja de montrer sa détermination. Cependant, cette approche essentiellement répressive bute sur des défis structurels, notamment la vétusté des équipements militaires, le manque de renseignements fiables et la porosité des frontières. La coopération des communautés locales, que Tinubu a une nouvelle fois invoquée, reste un élément clé, mais fragile, dans la lutte contre l’insurrection.
La réaction du président intervient à un moment diplomatiquement sensible. La veille de ces attaques, les États-Unis organisaient un événement aux Nations Unies pour dénoncer les violences contre les chrétiens au Nigéria, citant notamment l’enlèvement de Kebbi comme un exemple préoccupant. Abuja rejette fermement cette lecture, qu’il qualifie de « représentations inexactes » de la réalité nigériane. Cet épisode révèle les pressions internationales croissantes sur le gouvernement Tinubu concernant sa gestion de la sécurité et de la protection des minorités.
Au-delà des déclarations et des hommages aux soldats tombés, la capacité de l’État nigérian à protéger ses citoyens est une nouvelle fois mise à l’épreuve. La répétition de tels incidents, combinée à la controverse internationale, risque d’éroder la confiance de la population envers les autorités. La réponse sécuritaire immédiate à Kebbi et Borno sera scrutée comme un test décisif de la capacité de l’administration Tinubu à traduire ses fermes déclarations en résultats concrets sur le terrain.



