Le gouvernement burkinabè a procédé à une refonte majeure de sa gestion des fonds publics. Lors du Conseil des ministres du 20 novembre 2025, quatre décrets ont été adoptés pour regrouper une multitude de structures en quatre nouveaux instruments de financement. Cette réorganisation radicale vise à simplifier le paysage financier de l’État et à améliorer l’efficacité de l’action publique.
Cette restructuration se concrétise par la création de quatre fonds aux missions distinctes. Le Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES) centralisera les ressources pour les projets économiques. Le Fonds d’appui au sport et à la presse privée (FASP) fusionne deux dispositifs pour soutenir ces secteurs. Le Fonds de soutien à l’éducation et à la recherche (FOSER) regroupe trois anciens fonds, tandis que le Fonds d’assistance sociale et de solidarité nationale (FASSN) sera dédié à l’action humanitaire et sociale.
Cette décision s’inscrit dans un contexte national marqué par d’importantes contraintes budgétaires et une urgence sécuritaire et humanitaire. Face à la fragmentation des outils existants, qui entraînait des doublons, une dilution des efforts et des lourdeurs administratives, l’exécutif cherche à rationaliser ses dépenses. L’objectif affiché est de gagner en cohérence, en réactivité et en capacité à piloter stratégiquement les ressources nationales et internationales.
Les perspectives de cette réforme reposent sur sa mise en œuvre effective. Si elle est correctement appliquée, elle pourrait renforcer la transparence et la traçabilité des fonds publics. Une gestion unifiée devrait, en théorie, permettre un suivi plus rigoureux des financements accordés aux bénéficiaires et une meilleure allocation des ressources vers les priorités gouvernementales, notamment le soutien au secteur privé considéré comme un moteur de relance.
Au-delà de l’affichage technocratique, cette réorganisation interroge la gouvernance réelle de ces nouveaux instruments. La fusion de fonds autrefois distincts soulève la question de la répartition interne des budgets et des possibles arbitrages entre secteurs, comme entre le sport et la presse au sein du FASP. La clé du succès résidera dans la capacité à éviter que les anciennes logiques de fonctionnement ne persistent au sein des nouvelles structures.
Enfin, cette rationalisation intervient à un moment où le Burkina Faso a un besoin critique d’optimiser chaque franc CFA. La centralisation des fonds destinés à l’assistance sociale (FASSN) pourrait permettre une réponse plus rapide et coordonnée aux crises humanitaires qui touchent une part croissante de la population. Cependant, le risque de voir cette architecture devenir un outil de contrôle politique renforcé sur les financements, notamment ceux destinés à la presse privée, devra être attentivement surveillé par la société civile.



