Le président français Emmanuel Macron a effectué, dimanche 23 novembre, une visite d’État au Gabon, marquant la première rencontre à Libreville avec le général Brice Oligui Nguema depuis son accession au pouvoir à la suite du coup d’État du 30 août 2023. Cette étape gabonaise, dans le cadre d’une tournée africaine plus large, visait officiellement à « renforcer et renouveler » le partenariat bilatéral entre les deux nations.
Les discussions au palais du Bord de mer ont été l’occasion pour les deux chefs d’État d’afficher une entente cordiale et des intérêts convergents. Le président Oligui Nguema a exprimé sa « sincère gratitude » pour le « soutien multiforme » apporté par la France durant la transition politique. En retour, Emmanuel Macron a salué le « parachèvement » de cette transition. Le volet économique n’a pas été négligé, une délégation d’affaires accompagnant le président français pour explorer de nouvelles opportunités de partenariat.
Cette visite s’inscrit dans un contexte historique chargé. Le Gabon, ancienne colonie française, a entretenu des relations étroites et souvent critiquées avec Paris durant les 56 ans de règne de la famille Bongo. Le coup d’État d’août 2023, qui a mis fin à la présidence d’Ali Bongo Ondimba, avait initialement soulevé des questions sur l’avenir des relations franco-gabonaises. La visite de Macron semble indiquer une volonté de continuité dans la relation bilatérale, malgré le changement de régime.
Les perspectives immédiates se concentrent sur la légitimation internationale du régime d’Oligui Nguema. Le soutien public de la France, puissance permanente au Conseil de sécurité de l’ONU, offre une caution précieuse au pouvoir en place à Libreville. Cette reconnaissance pourrait faciliter le déblocage de coopérations économiques et institutionnelles, mais elle engage également Paris sur la nécessité de voir la transition déboucher sur des réformes démocratiques crédibles.
Au-delà des déclarations officielles, l’analyse des gestes et du protocole est éloquente. Les honneurs militaires exceptionnels réservés à Emmanuel Macron, ainsi que la promesse du président gabonais de conduire lui-même son hôte dans le quartier de la Baie des Rois, dépassent les simples marques de courtoisie diplomatique. Ils symbolisent la recherche d’une reconnaissance bilatérale forte et la volonté d’afficher un partenariat revitalisé.
Cependant, cette démonstration de proximité ne fait pas l’unanimité. Dans les rues de Libreville, de nombreux Gabonais ont exprimé une relative indifférence face à cette visite. Comme le souligne Anges Kevin Nzigou du parti FDS, cette relation est perçue par certains comme une simple continuité de la longue histoire franco-gabonaise. La réciprocité des intérêts est mise en avant : si Oligui Nguema bénéficie du soutien diplomatique de Paris, Macron obtient en retour un allié stable dans une région où l’influence française est contestée.



