La Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (BIDC) continue ses opérations avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso malgré leur retrait politique de l’organisation régionale. George Agyekum Donkor, président de l’institution financière, affirme que cette rupture n’a pratiquement aucun impact sur les activités économiques de la banque.
Le Conseil des gouverneurs, plus haute instance décisionnelle de la BIDC, a explicitement mandaté l’institution pour poursuivre ses collaborations avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette décision s’appuie sur le statut d’actionnaires que conservent ces trois États au sein de la banque. George Donkor souligne que le Burkina Faso, le Niger et le Mali “remplissent toujours leurs obligations” financières, confirmant ainsi leur engagement malgré les tensions politiques.
Cette situation s’inscrit dans le cadre de l’autonomie institutionnelle accordée à la BIDC par les chefs d’État de la Cedeao. Contrairement à d’autres entités régionales, la banque fonctionne selon des principes techniques et économiques plutôt que politiques. Le retrait de l’AES intervient dans un contexte de montée des souverainetés nationales au Sahel, où les juntes militaires au pouvoir revendiquent une indépendance accrue vis-à-vis des organisations internationales.
Alors que son plan stratégique 2021-2025 arrive à échéance, la BIDC prépare une nouvelle feuille de route axée sur l’accélération économique et le renforcement des infrastructures. L’optimisation du portefeuille de prêts constitue une priorité absolue pour augmenter la capacité d’intervention de la banque. Cette approche technique vise à maintenir l’intégration économique réelle, au-delà des considérations politiques immédiates.
La position de la BIDC révèle la complexité des relations économiques en Afrique de l’Ouest, où les interdépendances financières survivent souvent aux ruptures diplomatiques. Le maintien des relations avec l’AES démontre la priorité donnée à l’intégration économique concrète plutôt qu’aux alignements politiques.
Interrogé sur la souveraineté économique revendiquée par l’AES, George Donkor défend une vision pragmatique. Il estime que les dirigeants africains possèdent la compétence nécessaire pour transformer le continent sans recourir systématiquement à l’assistance étrangère. Cette position reflète les débats en cours sur l’autonomie financière africaine, thème central du Africa Financial Summit 2025.
La capacité de la BIDC à naviguer dans ce contexte politique troublé illustre la maturation des institutions financières régionales. En maintenant son cap opérationnel malgré les turbulences, la banque démontre que les mécanismes d’intégration économique ouest-africains possèdent une résilience certaine face aux aléas politiques.



