La Bourse d’Alger prévoit d’accueillir deux à trois nouvelles sociétés cotées en 2026. Cette annonce faite par son régulateur vise à insuffler une dynamique nouvelle à une place financière qui, près de trente ans après sa création, reste confidentielle et marginale dans l’économie nationale.
Les candidats potentiels à l’introduction sont le groupe éducatif privé INSAG Education Group, un laboratoire pharmaceutique non identifié et, plus avancé dans le processus, la société de services informatiques Ayrade. Cette dernière a déposé une demande en mars 2025 et cherche à financer la construction de centres de données. Pour sa part, INSAG justifie son projet par une volonté de consolider sa croissance et d’améliorer sa transparence financière.
Cette tentative de redynamisation intervient dans un contexte structurel difficile. Lancée en 1997, la Bourse d’Alger ne compte aujourd’hui que huit valeurs, un chiffre qui reflète la faible part du marché des capitaux dans le financement de l’économie. Celle-ci reste dominée par le secteur des hydrocarbures, lequel génère 86% des exportations et près de la moitié des recettes budgétaires, selon la Banque mondiale. L’outil boursier est historiquement sous-utilisé par les entreprises et méfiant aux yeux des épargnants.
Les perspectives de ces nouvelles introductions seront un test crucial pour la crédibilité des autorités à développer la place. Leur succès ou leur échec conditionnera la capacité à attirer d’autres entreprises, notamment hors du secteur public ou parapublic qui domine actuellement la cote. À plus long terme, l’enjeu est de faire de la Bourse un véritable levier pour financer la diversification économique, promise de longue date mais toujours peu concrète.
Le régulateur s’appuie sur une embellie récente du marché pour justifier son optimisme. La capitalisation boursière a bondi de 43% sur le premier semestre 2025, pour atteindre environ 5,7 milliards de dollars fin juin. Cette hausse est principalement due aux introductions de la Banque de Développement Local et de la start-up de consulting Moustachir, démontrant qu’une offre nouvelle peut stimuler l’activité.
Cependant, cette progression part d’un niveau extrêmement bas et ne doit pas masquer les défis persistants. La liquidité du marché reste faible, l’information financière souvent opaque, et la culture d’investissement en actions quasi-inexistante. La venue d’une entreprise de nouvelles technologies comme Ayrade et d’un groupe éducatif privé serait un signal positif de diversification sectorielle, mais leur valorisation et l’accueil des investisseurs seront scrutés comme des indicateurs de la maturité réelle du marché.
Au-delà des annonces, la transformation de la Bourse d’Alger en un outil de financement crédible nécessitera des réformes structurelles plus profondes. Celles-ci concernent la gouvernance des entreprises, la protection des actionnaires minoritaires et l’assouplissement des règles d’entrée. Sans ces progrès, le risque est de voir se perpétuer un marché étroit, où chaque nouvelle introduction reste un événement isolé plutôt que le signe d’un écosystème financier en bonne santé.



