Les Guinéens sont appelés aux urnes, ce dimanche 28 décembre 2025, pour une élection présidentielle capitale destinée à mettre un terme officiel à la transition militaire. Ce scrutin, où s’affrontent neuf candidats dont le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya, vise à restaurer un ordre constitutionnel après plus de quatre ans de régime issu d’un coup d’État.
À la mi-journée, le vote se déroulait globalement dans le calme sur l’ensemble du territoire. Les bureaux de vote ont généralement ouvert à l’heure, malgré des retards logistiques mineurs et rapidement résolus. L’affluence paraissait modérée, notamment dans la capitale Conakry, contrastant avec la participation plus élevée observée lors du référendum constitutionnel de septembre. Une présence massive des forces de sécurité et des barrages filtrants ont été déployés pour sécuriser les opérations.
Ce scrutin s’inscrit dans la séquence politique ouverte par le putsch du 5 septembre 2021, qui avait renversé le président Alpha Condé, lui-même accroché au pouvoir après un troisième mandat controversé. La junte, menée par le général Doumbouya, a imposé une transition souvent décrite comme autoritaire, ponctuée par l’adoption d’une nouvelle Constitution en septembre 2024. Cette élection constitue l’ultime étape du calendrier affiché par les militaires pour rendre le pouvoir, tout en en excluant plusieurs figures majeures de l’opposition historique.
Les enjeux de ce vote dépassent la simple désignation d’un président. Il s’agit d’abord de la légitimation politique du général Doumbouya, qui mise sur un bilan axé sur les infrastructures et la lutte contre la corruption pour convertir son autorité de facto en mandat électoral. Ensuite, ce scrutin testera la capacité du pays à organiser un processus crédible et à engager une réconciliation nationale dans un climat de défiance persistante. Enfin, l’issue sera scrutée par les partenaires internationaux, qui conditionnent souvent leur aide à un retour à l’ordre démocratique.
Sur le terrain, les sentiments des électeurs sont contrastés. Si beaucoup expriment un devoir civique et une certaine lassitude après des années d’instabilité, d’autres font part d’une inquiétude palpable. Ils craignent des fraudes et déplorent l’exclusion de leaders de l’opposition, comme l’ancien président Alpha Condé ou les ex-Premiers ministres Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, écartés pour des raisons juridiques ou politiques. Cette configuration nourrit un sentiment d’iniquité et affaiblit la portée compétitive du scrutin.
Les défis qui attendent le vainqueur sont immenses. La Guinée, bien que regorgeant de richesses minières, reste l’un des pays les plus pauvres du monde. Les promesses du général Doumbouya – amélioration des services sociaux, réconciliation nationale – se heurteront à une réalité économique difficile et à une fracture politique profonde. L’opposition, bien qu’affaiblie, dénonce déjà une confiscation du pouvoir et une justice instrumentalisée, annonçant des tensions potentielles lors de la proclamation des résultats.
La crédibilité du processus repose maintenant sur la transparence du dépouillement et l’acceptation des résultats par tous. Les premiers résultats provisoires sont attendus dans les 48 heures. La communauté internationale, notamment la CEDEAO et l’Union Africaine, suivra de près ces étapes décisives. La véritable réussite ne se mesurera pas seulement à l’absence de violence le jour du vote, mais à la capacité de cette élection à ouvrir une ère de stabilité inclusive et de prospérité partagée pour le peuple guinéen.



