Les Centrafricains se sont rendus aux urnes ce dimanche 28 décembre 2025 pour un scrutin simultané d’une ampleur inédite, combinant les élections présidentielle, législatives, régionales et municipales. À Bangui, la journée a débuté dans un calme apparent, mais a été immédiatement marquée par d’importants retards logistiques dans de nombreux bureaux de vote, perturbant le processus dès les premières heures.
L’organisation de ce quadruple scrutin s’est heurtée à des difficultés pratiques notables. Dans plusieurs centres de la capitale, dont des sites majeurs comme l’école primaire Gbaya-Doumbia ou le lycée Barthélemy Boganda, les opérations ont accusé des retards allant jusqu’à près de deux heures. Ces délais sont principalement dus à l’acheminement tardif du matériel, aux erreurs dans la distribution des bulletins – certains bureaux ayant reçu ceux d’une mauvaise circonscription – et à la complexité de la mise en place, avec quatre urnes et listes de candidats distinctes à gérer par bureau. Ceci a provoqué la lenteur des files d’attente et des signes d’agacement parmi les premiers électeurs.
Ce scrutin se tient dans un contexte politique chargé. Le président sortant, Faustin-Archange Touadéra, brigue un troisième mandat consécutif, face à six autres candidats dont d’anciens Premiers ministres. L’enjeu pour le pouvoir est de remporter une victoire large dès le premier tour. Pour la première fois depuis 1988, des élections locales (municipales et régionales) sont organisées, ajoutant une dimension historique à ce vote. Cependant, une partie de l’opposition, regroupée au sein de la plateforme BRDC, a appelé au boycott, dénonçant à l’avance un manque de transparence. Par ailleurs, la menace sécuritaire, bien qu’atténuée dans certaines zones, persiste dans des régions périphériques toujours sous l’influence de groupes armés.
Les perspectives immédiates de ce scrutin reposent sur plusieurs incertitudes. Le taux de participation, miné par les appels au boycott et les difficultés logistiques du jour, sera un premier indicateur clé de la légitimité perçue du processus. La capacité à résoudre rapidement les dysfonctionnements techniques observés à Bangui et à les éviter en province déterminera la fluidité du reste de la journée. Enfin, la question de savoir si le calme prévalant à Bangui pourra être maintenu sur l’ensemble du territoire, sans tentative de perturbation par des groupes armés, reste entière. Les résultats, notamment présidentiels, dessineront l’équilibre politique des années à venir dans un pays toujours en convalescence.
Sur le terrain, l’ambiance décrite par les observateurs est mitigée. Si l’affluence était jugée faible en début de matinée dans plusieurs centres, certains responsables espèrent un pic de participation en milieu de journée. De nombreux électeurs auraient privilégié un passage à l’église avant d’accomplir leur devoir civique. L’ensemble de la capitale semblait paralysé pour l’occasion, avec commerces fermés, circulation réduite et fermeture des frontières, soulignant l’importance accordée à cette journée.
La sécurité du scrutin est assurée par un dispositif conjoint des forces de sécurité centrafricaines et des Casques bleus de la Mission des Nations unies (Minusca), déployés sur tout le territoire. Jusqu’à présent, aucun incident majeur n’a été signalé. Le vote du président Touadéra au lycée Barthélemy Boganda, un lieu symbolique marqué quelques mois plus tôt par une tragédie mortelle lors des épreuves du baccalauréat, a été un des moments forts de cette matinée. Le défi pour les autorités électorales reste maintenant de garantir la régularité et la transparence du dépouillement, alors que les contestations politiques pourraient resurgir une fois les urnes ouvertes.



