En proposant de payer son pétrole en or, le Ghana tente de sortir du carcan du dollar, explique l’économiste suisse Sergio Rossi. Une décision qui pourrait faire des émules.
Pénalisé par un endettement croissant et par la chute de sa devise nationale, le Ghana songe désormais à acheter son pétrole avec de l’or. Une manière de stabiliser son économie tout en sortant de la domination du dollar, explique l’économiste suisse Sergio Rossi.
“C’est une tentative désespérée de se débarrasser de la domination du dollar américain, qui a une série d’effets négatifs sur l’économie mondiale […]. C’est le résultat de l’utilisation par les États-Unis du dollar comme arme économique pour satisfaire leurs propres intérêts à court terme”, explique-t-il.
Une hégémonie du dollar qui pèse particulièrement en ces temps d’inflation. Le durcissement de la politique monétaire américaine affaiblit en effet les devises de certains pays émergents, souligne l’économiste. Le peso cubain, la livre égyptienne ou le bolivar vénézuélien sont notamment pénalisés. De quoi se demander si le billet vert fait toujours office de “véritable monnaie de référence au niveau international”, souligne Sergio Rossi.
Une tendance de fond?
La stratégie ghanéenne est d’ailleurs symptomatique des aspirations grandissantes à la dédollarisation, explique encore le professeur de macroéconomie à l’université de Fribourg. Un phénomène qui prend d’ailleurs de plus en plus corps au sein des BRICS.
Le Ghana pourrait donc faire des émules du côté des pays émergents souhaitant retrouver leur souveraineté monétaire.
“La décision du Ghana pourrait pousser d’autres pays, en particulier les pays en développement, à se débarrasser du dollar américain, soit en adoptant une norme de produit basée sur l’or ou certaines matières premières, soit en concluant un accord multilatéral avec leurs principaux partenaires commerciaux”, affirme Sergio Rossi.
Depuis quelques mois, l’Inde multiplie déjà les initiatives pour commercer avec des pays africains en roupies, court-circuitant le dollar.
Sputnik