Le groupe des pays émergents Brics semble être entré dans une nouvelle dynamique sur le continent africain. En juin, Vladimir Poutine lors du dernier sommet des Brics disait être convaincu du rôle à jouer des Brics pour le développement d’une « voie unificatrice et positive vers la formation d’un système véritablement multipolaire ». En plus d’un intérêt géostratégique dans le contexte de la guerre en Ukraine, les Brics ont également des intérêts économiques et d’influence.
Afrique et Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), vers une nouvelle dynamique, Sénégal, Centrafrique, Côte d’Ivoire. La présidente russe des Brics, Larissa Zelentsova est allée à la rencontre de différents acteurs du continent ces dernières semaines. Dans le même temps, est officialisé la création d’un poste de représentant des Brics pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale avec à sa tête, l’Ivoirien Ahoua Don Mello. Il met en avant les priorités établies…
« D’abord les projets d’infrastructures, ce sont des projets dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine en priorité, et aussi les projets que nous négocions directement avec les pays cibles choisis pour les premières actions. Et ce sont vraiment les grands projets d’infrastructures d’interconnexion entre les États africains. Cela concerne aussi bien les autoroutes, les routes, les chemins de fer, la télécommunication, l’énergie et tous les autres services connexes ».
Si la part des investissements russes sur le continent, comparés aux autres acteurs, sont aujourd’hui à la marge, la Russie compte rattraper son retard, affirme le représentant des Brics également consultant du patronat russe. « Évidemment que la Chine est le poids lourd. Il n’y a pas de doute par rapport à ça et nous devons faire de telle sorte que tous les pays des Brics augmentent leurs interventions en Afrique pour que l’on puisse rattraper très vite notre retard en matière d’investissement en infrastructures et en industrie. »
Mais l’action chinoise et russe sur le continent est souvent critiquée. Leurs détracteurs parlent du « piège de la dette chinoise », ou du pillage des minerais africains. Pour Julien Vercueil, économiste à l’institut national des langues et civilisation orientale, l’action via les Brics permet de désamorcer ces incriminations.
« Les Brics sont un moyen, pour eux, de contourner les difficultés qu’elles peuvent rencontrer de manière individuelle dans leur approche de certains pays. Ensuite, bien sûr, la Russie a tout intérêt à pousser le rayonnement des Brics en Afrique parce que ça rejaillit sur son propre rayonnement. Mais l’idée est vraiment d’essayer de montrer qu’on est en faveur d’une forme de multipolarité et non pas que la Russie d’un côté ou la Chine souhaitent faire toute seules contrepoids aux États-Unis et puis largement aux pays occidentaux. »
Les Brics disposent pour cela de leur propre banque de développement qui se veut être un guichet alternatif. Cependant, elle reste très contrainte par ses moyens et ses obligations vis-à-vis des marchés internationaux.
RFI