Le monde des médias a été reçu au palais présidentiel lundi par Azali Assoumani pour la présentation des vœux du Nouvel An. Seul candidat déclaré à la présidence de l’Union africaine, le chef de l’État comorien s’est projeté et invite les Comoriens de tout bord à le rejoindre pour que cette présidence, une fois acquise, soit un succès. Puis la présidente du Syndicat national des journalistes a pris la parole.
C’est un Azali Assoumani fédérateur qui s’est présenté devant la presse au palais de Beit-Salam. À l’en croire, si aujourd’hui les Comores sont pressentis pour diriger l’organisation africaine, c’est parce que « le monde entier nous sait capable de relever un tel défi ». Selon lui, les Comores sont un petit pays, la pression sera grande, mais cette place n’est pas volée. Il a ainsi évoqué le travail réalisé en amont auprès de ses pairs du continent pour que cette présidence revienne aux Comores.
Mais pour Azali Assoumani, l’accès à cette présidence justement ne doit pas être une finalité. C’est un honneur pour le pays, mais à la fin, les Comoriens doivent aussi être fiers de leur passage à la tête de l’Union africaine. Conscient des nombreux défis qui l’attendent, Azali Assoumani s’est gardé de se prononcer sur sa vision de cette présidence et de ses priorités. Le moment viendra de s’avancer sur le planning, dira-t-il. Néanmoins, il a cité quelques domaines d’intervention telle que la lutte contre l’insécurité, le maintien de la paix, le climat, ou encore la famine.
Le harcèlement sexuel s’invite aux voeux du président
En marge de cette réception des journalistes, le président Assoumani ne s’attendait pas à ce que viennent lui parler d’une affaire d’attouchement sexuel contre des promotions de carrière. La vice-présidente du Syndicat national des journalistes comoriens a, au nom de ses collègues, profité de l’occasion pour dénoncer le harcèlement sexuel que subissent certaines de ses collègues de l’Office de la radio et télévision des Comores (ORTC), la radio-télévision nationale.
La vice-présidente, qui s’est exprimé au nom des journalistes a profité de cette tribune exceptionnelle pour dénoncer le comportement d’un des responsables de la télévision nationale, qu’elle accuse de harcèlement sexuel.
« Une information faisant état d’attouchements par au moins un homme, un supérieur, sur des jeunes femmes, nous a été remontée. Nous savons aussi que ce même homme promet des promotions à ces jeunes femmes si elles se laissent faire. Nous dénonçons vigoureusement ces pratiques indignes et faisons savoir à ces auteurs qu’ils entendront parler de nous et que nous nous plaçons d’ores et déjà aux côtés des victimes », a déclaré au micro Andjouza Abouheir.
Agacé par cette sortie, le président Azali Assoumani n’a pas manqué de réagir. « J’ai entendu ce que vous avez dit. Depuis maintenant un an, vous connaissiez ces problèmes, vous vous êtes tues, et c’est ici que vous venez le dire. Aussi bien dans le public que dans le privé, il y a différentes étapes à suivre avant que cela parvienne au chef de l’État. Mais vous venez ici, devant les radios, pour parler d’affaires d’attouchements. Ca ne se fait pas dans des lieux comme là où nous sommes. Si cette histoire est vraie, vous avez le droit de porter plainte. »
Selon nos informations, le responsable en question serait un directeur d’un des départements de la télévision nationale. Quant aux victimes présumées, elles seraient pour le moment au nombre de deux, mais elles refusent pour l’instant de s’exprimer publiquement par peur. Il faut dire qu’à l’ORTC, les sanctions contre les journalistes sont légion.
rfi