Au Burkina Faso, le gouvernement a acheté 200 kilogrammes d’or appartenant à la Semafo, une filiale du groupe canadien Endeavour Mining. Présentée comme une réquisition par Ouagadougou, cette opération a suscité des spéculations à la suite desquelles les autorités burkinabè ont réagi. Explications.
Selon un arrêté paru le 14 février 2023, le gouvernement burkinabè a réquisitionné 200 kilogrammes d’or appartenant à la Semafo, une filiale du groupe canadien Endeavour Mining. Une réquisition qui est, en fait, un achat. Le gouvernement s’est d’ailleurs engagé à respecter les conditions d’achat d’or sur le marché international pour cette transaction.
Mais, face aux spéculations que cette opération dite « de réquisition » a provoquées, le gouvernement a réagi le 15 février au soir en rappelant qu’il demeure respectueux de ses engagements pris avec les compagnies minières.
Le gouvernement reconnaît le caractère exceptionnel de l’opération
Le terme « réquisition » ne doit ainsi pas être pris au pied de la lettre. Il s’agit d’une opération commerciale qui a même fait l’objet d’un contrat en bonne et due forme. Les 200 kilogrammes d’or ont été achetés au prix du marché, selon une source proche du dossier. Endeavour Mining, la compagnie canadienne, les a déjà livrés et attend son paiement dans les jours qui viennent. Mais tout le monde reconnaît que cette opération n’est pas ordinaire.
D’habitude, Endeavour Mining envoie son or en Suisse pour qu’il y soit raffiné. Car les lingots qui sortent des mines burkinabè sont bruts et ne contiennent que 80% d’or. Le travail consiste à arriver à un produit pur à 99,99%. Les compagnies minières vendent donc généralement leur or à des raffineurs et non à des entités publiques comme des États.
Le gouvernement reconnaît d’ailleurs le caractère exceptionnel de l’opération. C’est une transaction, affirme un communiqué de la primature, « dictée par un contexte exceptionnel de nécessité publique ». D’ailleurs, la loi l’autorise parfaitement dès l’instant où l’exploitant n’est pas lésé financièrement.
Reste la question que tout Ouagadougou se pose : pourquoi le gouvernement a besoin d’acheter 200 kilogrammes d’or ? On sait que le Burkina Faso est engagé dans une lutte contre les groupes jihadistes. Et que cette guerre nécessite des moyens importants. Mais on sait aussi que l’État se finance normalement sur les marchés régionaux. Ainsi, ce mercredi 15 février, le Trésor public du Burkina Faso a encaissé près de 30 milliards de francs CFA en bons du Trésor auprès de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Donc, l’État burkinabè a de l’argent. Il a même reçu, en début de semaine, le soutien du patron de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Jean-Claude Kassi Brou.
En l’absence de précisions officielles sur le pourquoi de cet achat d’or, les Burkinabè en sont réduits à spéculer.