À cinq mois de la COP30 qui se tiendra à Belém, au Brésil, les maires de plusieurs villes africaines montent au créneau. Réunis à Paris le 23 juin, à l’initiative de la mairie de la capitale française, ils ont lancé un appel clair : sans financement direct ni pouvoirs renforcés, les municipalités du continent ne pourront ni protéger leurs populations ni adapter efficacement leurs territoires aux impacts de plus en plus visibles du dérèglement climatique.
Inondations meurtrières, vagues de chaleur extrêmes, pluies diluviennes : le changement climatique frappe de plein fouet les métropoles africaines, souvent mal équipées pour y faire face. Au Bénin, le maire de Cotonou, Luc Sètondji Atrokpo, décrit une urgence quotidienne. « Nous devons verdir nos villes, améliorer l’assainissement, renforcer la résilience des quartiers précaires… mais pour cela, il faut des ressources. » Il insiste : les villes doivent avoir un accès direct au Fonds vert pour le climat, encore largement inaccessible aux collectivités locales africaines.
Au-delà de l’argent, c’est aussi le manque de pouvoir décisionnel des élus locaux qui freine l’action. Roger Mbassa Ndine, maire de Douala, pointe la rigidité des dispositifs institutionnels : « Tant que les maires ne sont pas consultés sur la gestion du foncier ou les plans d’urbanisme, leurs marges de manœuvre restent limitées. » Ce décalage entre les responsabilités qu’ils assument et les moyens juridiques ou techniques dont ils disposent mine leur capacité à anticiper et prévenir les risques.
Le gouverneur de Nairobi, Sakaja Arthur Johnson, rappelle une vérité souvent négligée : l’Afrique dispose de ressources naturelles clés dans la lutte contre le réchauffement climatique – en particulier son potentiel solaire et les puits de carbone que représentent ses forêts. Pourtant, les États du continent restent perçus comme peu fiables par les agences de notation, ce qui limite les investissements. Nairobi produit déjà 93 % de son énergie à partir de sources renouvelables. Mais ces efforts locaux peinent à trouver un écho au niveau international.
Alors que l’on s’apprête à célébrer les dix ans de l’accord de Paris, les maires africains affichent une forme de lassitude face aux engagements non tenus. Si les discours internationaux évoluent, sur le terrain, les collectivités locales continuent de se heurter à un mur : peu de financements, peu de reconnaissance institutionnelle, peu d’accompagnement technique. Pour eux, la COP30 ne pourra être un succès que si elle reconnaît enfin le rôle structurant des villes africaines dans la réponse climatique.