Face à l’enlisement du conflit en Ukraine et à l’absence d’avancée diplomatique avec la Russie, les États-Unis ont annoncé une nouvelle salve de mesures visant à renforcer le soutien militaire à Kiev. Plusieurs pays membres de l’Otan, dont l’Allemagne et la Finlande, vont acquérir du matériel militaire américain destiné à être transféré à l’armée ukrainienne. En parallèle, Donald Trump a haussé le ton contre les alliés de Moscou, menaçant d’instaurer des droits de douane « à 100 % » si aucun accord n’est trouvé d’ici 50 jours.
L’accord, conclu sous l’égide de Washington, porte sur des milliards de dollars de ventes d’armes. Il comprend notamment des missiles anti-aériens Patriot, longtemps demandés par l’Ukraine pour contrer les frappes russes. Le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a confirmé l’envoi massif de « missiles, systèmes de défense aérienne et munitions » dans les prochains jours. Cette initiative vise à compenser la domination aérienne russe sur le front, où Moscou conserve l’initiative militaire.
Depuis le début de la guerre en février 2022, les États-Unis ont mobilisé une coalition de soutien à l’Ukraine, mais les avancées militaires restent limitées. L’hiver dernier a marqué un tournant, avec un recul de l’offensive ukrainienne et une intensification des frappes russes. En interne, les pays de l’Otan sont divisés : certains alliés, notamment en Europe de l’Est, plaident pour un soutien accru, tandis que d’autres s’inquiètent du coût financier et des risques d’escalade avec Moscou. C’est dans ce contexte que Trump a choisi de réactiver une rhétorique punitive à l’égard des pays perçus comme trop ambigus dans leur positionnement.
La menace de droits de douane imposée aux « alliés de la Russie » constitue un levier de pression inédit, révélant la volonté américaine de forcer un alignement international plus ferme contre le Kremlin. Ces droits de douane dits « secondaires », s’ils étaient appliqués, pourraient toucher des économies influentes, en particulier en Asie ou au Moyen-Orient. Trump espère ainsi contraindre certains pays non-alignés à se distancier de Moscou. En parallèle, l’effort militaire coordonné vise à inverser la dynamique du conflit avant l’hiver.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué la visite à Kiev de Keith Kellogg, émissaire spécial de la Maison-Blanche, et a remercié son homologue américain pour les « signes de soutien » renouvelés. Mais malgré ces gestes, les rapports de force sur le terrain restent en faveur de Moscou. L’armée russe poursuit ses offensives dans l’est et le sud de l’Ukraine, exploitant l’usure des lignes ukrainiennes et la lenteur des livraisons occidentales.
Ce nouvel épisode souligne la reprise en main par Donald Trump de la diplomatie américaine, y compris au sein de l’Otan. En conditionnant son soutien à une ligne dure contre Moscou et en imposant un agenda de 50 jours, l’ancien président (et probable candidat pour 2024) imprime sa marque. À terme, cela pourrait accélérer une rupture stratégique entre pays membres, contraints de choisir entre conformité avec Washington ou autonomisation partielle en matière de défense et de commerce.