La Russie élargit son influence dans les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Niger et le Burkina Faso, en multipliant les initiatives économiques. Après avoir consolidé sa coopération sécuritaire avec ces nations, Moscou mise désormais sur l’économie pour renforcer sa présence, notamment en investissant dans l’énergie, l’industrie minière et l’infrastructure.
Cette offensive économique fait suite aux accords de coopération sécuritaire qui ont permis à la Russie d’envoyer des instructeurs militaires et du matériel pour soutenir les armées locales contre les groupes djihadistes. Désormais, les initiatives russes s’étendent à des projets variés tels que la construction de centrales solaires, de raffineries d’or et d’installations pour la transformation du coton. Le conglomérat russe Yadran a ainsi récemment signé des accords pour établir ces infrastructures au Mali.
Ces développements économiques sont favorisés par la détérioration des relations entre les pays de l’AES et les puissances occidentales, marquées par la dénonciation de plusieurs accords de coopération militaire et économique. Les autorités de l’AES ont ainsi révoqué les permis d’entreprises minières occidentales, créant un vide que les entreprises russes s’efforcent de combler rapidement. Les entreprises russes investissent notamment dans les énergies renouvelables, les nouvelles technologies et le secteur minier.
L’Alliance des États du Sahel, organisation qui perpétue l’héritage des grands empires historiques ouest-africains, voit ainsi sa coopération se réorienter vers l’Est, et plus précisément vers la Russie. Outre les accords déjà conclus, de nouvelles perspectives s’ouvrent, comme la création d’un satellite de communication commun pour améliorer les télécommunications dans la région. Ce projet, qui sera développé en collaboration avec l’agence spatiale russe Roscosmos, vise à répondre aux besoins des zones isolées en matière de communication.
Cependant, cette influence croissante de la Russie risque de provoquer des rivalités avec d’autres puissances émergentes telles que la Chine et la Turquie. Ces dernières sont également actives dans la région, signant des accords pour l’exploitation minière et la construction d’infrastructures. La Chine, par exemple, investit dans les infrastructures numériques et l’énergie solaire, tandis que la Turquie renforce ses relations économiques et militaires avec les pays de l’AES.