Plus de dix jours après sa réélection, Cyril Ramaphosa, président de l’Afrique du Sud, a présenté un gouvernement d’union nationale d’une ampleur inédite. Composé de 75 ministres et ministres adjoints représentant neuf partis différents, ce cabinet marque un tournant historique dans la démocratie sud-africaine.
Cette expansion gouvernementale est la conséquence directe de la perte de la majorité absolue par le Congrès national africain (ANC) lors des dernières élections. Pour gouverner efficacement, l’ANC a dû former des alliances avec d’autres partis, ce qui a nécessité la création de postes supplémentaires pour satisfaire tous les partenaires.
Depuis trente ans, l’ANC dominait sans partage la scène politique sud-africaine. Cependant, lors du dernier scrutin, la baisse de son influence a mis en évidence le besoin de coalitions pour maintenir la stabilité politique. L’Alliance démocratique, arrivé en deuxième position, a ainsi obtenu six ministères, dont l’Agriculture et l’Intérieur, des postes clés dans le contexte actuel de réformes agricoles et d’immigration.
La nomination de ministres issus de différents horizons politiques, comme Ronald Lamola aux Affaires étrangères ou Gayton McKenzie aux Sports et à la Culture, reflète une volonté d’intégration et de diversité. Cependant, cette diversité pourrait également devenir une source de conflits internes, nécessitant une gestion délicate de la part de Ramaphosa.
Certaines nominations sont particulièrement symboliques, comme celle du chef du parti afrikanner Freedom Front Plus, ancien représentant du régime d’apartheid, à la tête des Prisons. Ces choix soulignent la complexité et la diversité du nouveau gouvernement, qui devra naviguer entre des intérêts souvent divergents.
Avec cette alliance hétéroclite, le gouvernement de Ramaphosa risque d’être mis à l’épreuve par ses opposants, qui chercheront à exploiter les moindres failles pour le faire éclater. L’avenir de cette coalition dépendra de la capacité du président à maintenir l’équilibre entre les différentes forces en présence, tout en répondant aux attentes de la population sud-africaine.