L’Afrique du Sud a répondu fermement aux critiques du président américain Donald Trump, qui affirme que le gouvernement sud-africain confisque des terres. Dans un communiqué publié le 3 février, Pretoria a démenti ces accusations et insisté sur le fait que la loi récemment adoptée respecte la Constitution. Trump a annoncé sur son réseau Truth Social qu’il suspendait “tout financement” des États-Unis à l’Afrique du Sud, une aide estimée à 440 millions de dollars par an.
Fin janvier, le président sud-africain a signé une loi qui permet la redistribution de certaines terres inutilisées sans compensation financière. L’objectif est de corriger les injustices historiques de l’apartheid. Cette décision a provoqué des réactions négatives aux États-Unis, notamment de la part d’Elon Musk, originaire d’Afrique du Sud. Trump et certains de ses partisans considèrent cette réforme comme une discrimination envers les propriétaires blancs, tandis que Pretoria insiste sur son cadre juridique strict et son objectif d’équité.
Les relations entre Washington et Pretoria étaient déjà fragiles, en raison du rapprochement de l’Afrique du Sud avec les BRICS et de son soutien à la Palestine devant la Cour internationale de Justice. La décision de Trump de suspendre les aides financières renforce ces tensions. Pretoria rappelle cependant que la majeure partie de cette aide est destinée à la lutte contre le VIH et non à des financements directs au gouvernement.
Si l’arrêt de cette aide affecte les programmes de santé et de recherche, les experts s’inquiètent surtout de l’avenir de l’AGOA, un accord commercial entre les États-Unis et certains pays africains. Grâce à cet accord, les exportations sud-africaines bénéficient de taxes réduites aux États-Unis. Sa remise en question en septembre pourrait impacter sérieusement l’économie du pays.
Le gouvernement sud-africain adopte une double approche : il cherche à calmer les tensions tout en affirmant son indépendance. Vincent Magwenya, porte-parole de la présidence, a rappelé que la réforme est conforme à la Constitution. De son côté, le ministre de l’Énergie et des Ressources minérales, Gwede Mantashe, a réagi plus fermement, déclarant que “l’Afrique du Sud n’est pas une province des États-Unis” et refusant toute pression extérieure.
Pretoria espère un dialogue avec Washington pour éviter une crise plus grave. Cependant, la position de l’administration Trump reste incertaine. Cette suspension de l’aide pourrait être le premier pas vers des sanctions économiques plus dures. Dans un contexte international déjà tendu, cette affaire illustre les changements de rapports de force entre les grandes puissances et les pays émergents.