Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a limogé, ce 21 juillet, Nobuhle Nkabane, jusque-là ministre de l’Enseignement supérieur et de la Formation. Elle est accusée d’avoir induit en erreur le Parlement lors de la désignation controversée des membres du conseil d’administration de la SETA, l’organisme chargé de coordonner la formation professionnelle dans plusieurs secteurs stratégiques du pays.
Dans la foulée de cette décision, la présidence a annoncé que Buti Manamela, jusque-là vice-ministre, reprenait les rênes du ministère. Cette promotion intervient dans un climat de tension où l’exécutif est pressé par l’opinion publique et les partis d’opposition d’exiger plus de rigueur et de redevabilité de ses membres. Pour occuper désormais le poste de vice-ministre, Ramaphosa a choisi Nomusa Dube-Ncube, ex-Première ministre du KwaZulu-Natal, appréciée pour sa capacité à gérer des dossiers complexes dans un contexte politique instable.
Le limogeage de Nkabane n’est pas un coup de tonnerre. Depuis plusieurs semaines, des révélations sur sa gestion du processus de nomination à la SETA jetaient le doute sur son intégrité. Selon des sources parlementaires, elle aurait validé des candidatures entachées de favoritisme, certaines personnes nommées entretenant des liens étroits avec le parti au pouvoir, l’ANC. En outre, le jury de sélection aurait agi en dehors des règles établies. L’absence répétée de la ministre devant la commission parlementaire de l’enseignement supérieur a achevé de fragiliser sa position.
Ce remaniement ministériel partiel s’inscrit dans une stratégie plus large visant à redorer l’image d’un gouvernement régulièrement accusé d’opacité et de népotisme. Ramaphosa, qui s’était engagé à rétablir l’éthique dans la gestion publique après les années Zuma, se trouve aujourd’hui à un tournant de son mandat. À moins d’un an des élections générales de 2026, chaque faux pas ministériel peut coûter cher à l’ANC, dont la popularité s’effrite, notamment chez les jeunes et dans les milieux urbains.
L’arrivée de Nomusa Dube-Ncube à la vice-ministère est un choix politique autant que stratégique. Forte de son expérience dans la gouvernance provinciale, elle est perçue comme une technocrate respectée, capable de renforcer l’image du ministère. Quant à Buti Manamela, son passage au poste de vice-ministre lui confère déjà une bonne maîtrise des dossiers sensibles, notamment ceux liés à la gestion budgétaire des universités publiques et à l’accès à la formation pour les jeunes défavorisés.
Ce limogeage envoie un signal clair à l’ensemble de l’exécutif : la ligne de tolérance de Ramaphosa envers les fautes éthiques se rétrécit. Mais certains analystes soulignent le caractère tardif de cette réaction. Nkabane avait accumulé les critiques depuis plusieurs mois. Le président aurait-il agi sous la pression de l’opinion et des médias, plutôt que par conviction ? Quoi qu’il en soit, l’épisode relance le débat sur l’état de la gouvernance dans les institutions sud-africaines.