La justice française a rejeté, le 19 mars 2025, la demande d’extradition d’Abdeslam Bouchouareb, ancien ministre de l’Industrie et des Mines sous le président Abdelaziz Bouteflika. Résidant en France depuis 2019, l’homme de 72 ans est accusé en Algérie de corruption et d’infractions économiques. La cour d’appel d’Aix-en-Provence a estimé que son extradition pourrait entraîner “des conséquences d’une gravité exceptionnelle” en raison de son âge avancé et de son état de santé. Ce refus survient alors que les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie sont déjà tendues.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel a pris sa décision en rejetant la sixième demande d’extradition de l’Algérie, après cinq précédentes requêtes depuis octobre 2023. Les autorités algériennes souhaitaient obtenir la restitution de Bouchouareb, condamné à cinq peines de 20 ans de prison pour des affaires de corruption, mais la justice française a jugé que son état de santé ne permettait pas un tel transfert. La France invoque des raisons humanitaires liées à l’âge de l’ex-ministre, ce qui a contribué à l’issue de cette affaire complexe.
Cette décision survient dans un contexte de tension diplomatique croissante entre Paris et Alger, exacerbée par des divergences sur plusieurs dossiers. Le soutien de la France au plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, en juillet dernier, a envenimé les relations entre les deux pays. Alger, qui considère cette question comme un enjeu majeur de sa politique étrangère, voit dans la position française un manque de solidarité. Le rejet de l’extradition de Bouchouareb est perçu comme un autre signe de la froideur qui caractérise les relations entre les deux capitales.
Le gouvernement algérien a exprimé son mécontentement à travers un communiqué officiel du ministère des Affaires étrangères, dénonçant l’« absence totale de coopération du gouvernement français » en matière d’entraide judiciaire. Alger a annoncé son intention de recourir à d’autres moyens légaux pour tenter d’obtenir la remise de Bouchouareb. Cette affaire risque de nourrir davantage les tensions entre les deux pays, qui, malgré les mécanismes juridiques en place, peinent à s’entendre sur des questions fondamentales.
L’affaire pourrait avoir des conséquences importantes sur l’évolution des relations franco-algériennes. Les différends en matière de coopération judiciaire pourraient fragiliser encore davantage les échanges bilatéraux, notamment dans les domaines économiques et diplomatiques. Par ailleurs, la décision française pourrait servir de précédent dans d’autres affaires d’extradition impliquant des personnalités controversées. Si la coopération entre les deux États ne s’améliore pas, d’autres dossiers sensibles pourraient également se retrouver dans une impasse similaire.
Les opinions des experts et des observateurs sont partagées sur cette décision. Certains estiment que la France aurait dû répondre favorablement à la demande d’Alger, considérant la gravité des accusations de corruption portées contre Bouchouareb. D’autres, cependant, soulignent que la justice doit préserver son indépendance et respecter des critères humains, notamment en matière de santé. Ce rejet soulève également des interrogations sur la gestion des relations franco-algériennes à long terme, qui devront naviguer entre la diplomatie et les exigences juridiques.