Caecilia Wijgers, ambassadrice des Pays-Bas à Bamako, a achevé sa mission ce 19 juin 2025, dans un contexte de rétrécissement diplomatique européen. Reçue pour une audience d’adieu par le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, elle quitte son poste sur une note de coopération soutenue entre La Haye et Bamako, notamment dans les domaines humanitaire et économique.
Contrairement à d’autres partenaires européens qui ont fermé ou réduit leur présence au Mali, les Pays-Bas ont maintenu un engagement significatif. En 2024, leurs exportations vers le Mali ont atteint 142 millions de dollars, contre seulement 1 million d’exportations maliennes. Au-delà du commerce, les Pays-Bas comptent parmi les principaux bailleurs d’aide au développement, avec plus de 7,2 milliards de dollars mobilisés dans des secteurs clés comme la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau ou la protection des femmes victimes de violences, via le FNUAP.
La mission de Mme Wijgers s’est inscrite dans un contexte de désengagement progressif de plusieurs partenaires occidentaux. La Suède a fermé son ambassade fin 2024, dans le sillage d’un conflit diplomatique impliquant l’Ukraine. La Belgique, elle, a suspendu toute présence militaire et diplomatique active. Cette tendance renforce l’isolement diplomatique de Bamako, alors que le pays se rapproche de plus en plus de Moscou.
Le départ de l’ambassadrice intervient à un moment clé pour le Mali. Si le soutien néerlandais reste pour l’instant constant, son avenir dépendra de la volonté des autorités maliennes à maintenir les engagements en cours. La question est ouverte : le Mali saura-t-il préserver ces coopérations ciblées et utiles malgré une rupture progressive avec l’Union européenne ?
Durant son mandat, Caecilia Wijgers a soutenu la création de centres d’accueil pour les victimes de violences basées sur le genre, en lien avec les organisations de la société civile. Ces actions concrètes ont permis de renforcer la résilience locale, dans un climat où les institutions peinent à répondre aux besoins sociaux de base.
Le départ de Mme Wijgers marque plus qu’un simple changement diplomatique. Il cristallise les incertitudes autour du rôle des partenaires européens dans un Mali en pleine redéfinition stratégique. Alors que le soutien international se rétrécit, la question centrale demeure : Bamako pourra-t-il encore compter sur des appuis occidentaux à la hauteur de ses besoins ?