La première phase de groupes de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 au Maroc a livré ses premières tendances après que les 24 sélections aient disputé leur match d’ouverture. Le constat est double : les équipes favorites ont globalement confirmé leur statut avec des succès souvent convaincants, tandis que le spectacle offensif a été au rendez-vous avec une moyenne de buts encourageante. Cependant, ce tableau positif est tempéré par la problématique récurrente de la faible affluence dans certains stades, malgré des opérations de billetterie gratuite.
L’analyse des performances sportives révèle une nette domination des prétendants au titre. Le Sénégal, l’Algérie et la Tunisie ont notamment marqué les esprits en inscrivant chacun trois buts, signe d’une efficacité immédiate. Si le Maroc et l’Égypte ont rencontré plus de difficultés face à des défenses coriaces, elles ont tout de même trouvé les ressources pour l’emporter. Seul le Mali fait figure d’exception, contraint au partage par la Zambie. Sur le plan du jeu, l’absence de match nul et 29 réalisations enregistrées à ce stade constituent un bilan plus prolifique que lors des deux dernières éditions, promettant une compétition ouverte et attractive.
Ce début de CAN s’inscrit dans la continuité d’un tournoi désormais élargi à 24 équipes, une formule qui, depuis son adoption en 2019, permet le repêchage des meilleurs troisièmes et atténue la portée d’un faux départ en phase de groupes. Par ailleurs, l’organisation par le Maroc, bien que familière des grands événements sportifs, confronte la Confédération Africaine de Football (CAF) à un défi logistique et populaire récurrent. La question de l’engouement des publics locaux pour des matchs ne concernant pas leur sélection nationale, couplée à des prix de billetterie parfois inadaptés, est un sujet épineux qui traverse les éditions successives du tournoi.
La dynamique offensive observée lors de ces premières rencontres, si elle se maintient, pourrait redorer l’image d’une compétition parfois critiquée pour un excès de prudence tactique. Pour les favoris, l’enjeu sera désormais de confirmer cette forme ascendante lors du deuxième match, souvent décisif pour la qualification. La question de l’affluence, elle, reste ouverte. Elle dépendra à la fois de la météo, après des intempéries ayant perturbé certains matchs, et de la capacité des organisateurs à fidéliser un public au-delà des opérations promotionnelles ponctuelles. La présence des supporters marocains, largement mobilisés via les invitations de la CAF, devra être pérennisée.
Au-delà des statistiques, ce début de tournoi a été émaillé d’instants marquants qui ont alimenté le spectacle. Le retourné acrobatique du Marocain Ayoub El Kaabi lors du match d’ouverture, le but victorieux d’Edmond Tapsoba dans le dernier souffle pour le Burkina Faso, ou encore le doublé de l’Algérien Riyad Mahrez, ont offert des moments de haute technicité. Ces exploits individuels cristallisent l’intensité et la qualité croissante du football africain. Ils contribuent à forger la narration émotionnelle d’une CAN, bien au-delà du simple résultat.
Cependant, l’anecdote révélatrice du décalage entre le terrain et les tribunes reste le match Angola-Afrique du Sud, suivi par seulement 3 700 spectateurs. Ce phénomène, observé même partiellement lors de la cérémonie d’ouverture, interroge la stratégie globale de billetterie et d’ancrage populaire de l’événement. Les pluies hivernales inattendues mentionnées par les médias locaux n’expliquent qu’en partie cette réalité. Le succès des opérations “portes ouvertes”, comme à Agadir pour Cameroun-Gabon, démontre à la fois l’existence d’une curiosité footballistique et la nécessité de politiques tarifaires plus agressives et inclusives pour convertir cet intérêt potentiel en présence effective.



