Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a marqué un tournant significatif dans les relations entre Alger et Paris en déclarant, lors d’une interview télévisée le 22 mars, que son “unique point de repère” était le président français Emmanuel Macron. Cette prise de position a été interprétée comme un appel à la réconciliation et au rétablissement d’un dialogue direct entre les deux nations, après plusieurs mois de tensions diplomatiques.
Dans ses propos, Tebboune a souligné l’importance de respecter les canaux officiels pour résoudre les différends, notamment les échanges directs entre présidents et, le cas échéant, par l’intermédiaire des ministres des Affaires étrangères. Le président algérien a mis en avant la nécessité de traiter les questions bilatérales directement avec Emmanuel Macron, ou avec son représentant, le ministre français des Affaires étrangères. Cette déclaration a été accueillie positivement par les autorités françaises, notamment par la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, qui a salué ce geste comme un signal fort de retour au dialogue.
Cette annonce intervient dans un contexte de relations tendues entre les deux pays, marquées par des désaccords récurrents depuis plusieurs années, notamment en matière de mémoire coloniale, de coopération sécuritaire, et de politiques migratoires. Depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962, les relations entre les deux puissances ont oscillé entre collaboration et tensions. Cette crise actuelle est jugée par beaucoup comme la plus grave depuis des décennies, et elle a des implications bien au-delà des simples relations bilatérales.
Les perspectives à venir sont incertaines mais potentiellement positives, à condition que les deux parties fassent preuve de bonne volonté. Un retour à une diplomatie de haut niveau pourrait ouvrir la voie à une réconciliation progressive, même si des sujets sensibles, tels que les questions mémorielles et les enjeux sécuritaires en Méditerranée, continueront de peser sur la relation. De nombreux analystes estiment qu’il est impératif de dépasser les tensions actuelles, au vu des défis communs que les deux pays affrontent, comme la lutte contre le terrorisme et la gestion de la crise migratoire.
Les observateurs, comme le chercheur Brahim Oumansour, soulignent que la coopération sur des enjeux stratégiques tels que la stabilité au Sahel et la lutte contre le trafic de drogue pourrait servir de fondement à un rétablissement durable des relations. Oumansour met également en avant l’importance d’un respect mutuel dans les échanges diplomatiques et plaide pour une gestion prudente de cette crise, afin d’éviter une rupture définitive des relations.Tebboune tend la main à Macron
Enfin, si ce signe d’ouverture entre les dirigeants algériens et français est un pas dans la bonne direction, il reste à savoir si les deux parties seront capables de traduire ce geste en actions concrètes. Les tensions sous-jacentes, notamment celles liées à la mémoire de la guerre d’indépendance, ne se dissiperont pas rapidement, et des efforts soutenus seront nécessaires pour construire une relation fondée sur la confiance et la coopération.