Alors que l’Afrique contribue pour moins de 4% aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, le président en exercice de l’Union africaine estime qu’il n’est pas raisonnable de demander au continent de renoncer rapidement à l’exploitation de son gaz naturel.
Le président sénégalais, Macky Sall (photo), a défendu le mercredi 25 mai, le droit de l’Afrique de poursuivre l’exploitation de ses importantes réserves de gaz naturel pendant encore deux à trois décennies, au nom du principe de la justice climatique.
« L’Afrique a besoin de gaz, l’Europe en a besoin, les Etats-Unis aussi, et ils en produisent beaucoup. Il n’est pas raisonnable de demander aux pays africains de renoncer au gaz pendant que les autres sont encore au charbon et au fuel », a-t-il déclaré, lors du forum annuel de la Fondation Mo Ibrahim, consacré au changement climatique.
« Durant la Conférence de la convention des Nations unies sur le climat (COP 27) à Charm el-Cheikh (en Egypte), nous devons travailler pour que le débat sur la transition énergétique soit vraiment juste, et que l’Afrique puisse continuer à utiliser le gaz qui est l’une des sources d’énergie fossile les moins polluantes », a-t-il ajouté.
Durant la COP 26 à Glasgow, plusieurs pays développés avaient décidé de ne plus financer des projets gaziers en Afrique pour contribuer à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le changement climatique relatifs à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais, le président sénégalais qui est aussi le président en exercice de l’Union africaine (UA) a plaidé pour une transition énergétique s’étalant sur 20 ou 30 ans sur le continent africain, au nom de la justice climatique.
« Dans le cadre d’une transition d’une durée de 20 à 30 ans, nous devrons développer le gaz, et permettre que les banques de développement financent des projets gaziers. Les pays africains devraient investir dans des énergies propres, tout en continuant à avoir des énergies de base qui permettent le développement et l’accès à l’électricité aux 600 millions de personnes qui en sont encore privées. Nous interdire l’exploitation du gaz serait injuste », a-t-il dit.
Selon lui, la décision d’un certain nombre de pays riches de cesser le financement de développement de champs de gaz en Afrique est « d’autant plus surprenante que ces pays utilisent abondamment des sources beaucoup plus polluantes que le gaz ».
A l’heure où l’Afrique est la région la moins responsable historiquement du dérèglement climatique, Macky Sall a appelé les pays du continent à réclamer l’application du principe du pollueur-payeur et l’alimentation du Fonds d’adaptation au changement climatique pour que l’Afrique puisse développer des énergies renouvelables.
Le Sénégal devrait rejoindre dès 2023 le club des puissances gazières mondiales, grâce notamment au projet Grande Tortue Ahmeyim (GTA). Ce gisement découvert à 60 kilomètres des côtes sénégalo-mauritaniennes recèle 1400 milliards de mètres cubes de gaz.
Agence Ecofin