La Banque africaine de développement (BAD) a présenté le 22 juillet à Yaoundé son Rapport pays 2025 sur le Cameroun, appelant le pays à optimiser l’exploitation de son capital naturel, humain et financier pour accélérer sa transformation économique. Le document, intitulé « Tirer le meilleur parti du capital du Cameroun pour favoriser son développement », insiste sur la nécessité de renforcer la mobilisation des ressources domestiques pour stimuler une croissance plus inclusive et résiliente.
L’économie camerounaise affiche une reprise encourageante avec une croissance estimée à 3,6 % en 2024, portée par les investissements en infrastructures et la dynamique positive des industries manufacturières. La BAD identifie plusieurs axes prioritaires pour consolider cette tendance : la réduction des exonérations fiscales, l’accélération de la digitalisation, la restructuration des entreprises publiques stratégiques et l’adoption d’une Stratégie nationale de financement intégré (SNFI). Cette dernière vise particulièrement à diversifier les sources de financement, notamment par le biais du marché du carbone, une innovation qui pourrait révolutionner l’approche du financement du développement au Cameroun.
Cette recommandation de la BAD intervient dans un contexte où le Cameroun évalue à mi-parcours la mise en œuvre de sa Stratégie nationale de développement 2030 (SND30). Le pays, malgré ses importantes ressources naturelles et son potentiel humain, peine encore à traduire ces atouts en croissance durable et inclusive. Les défis structurels persistent, notamment en matière de gouvernance, de transparence et d’efficacité dans l’allocation des ressources publiques. La dépendance aux financements extérieurs et les subventions coûteuses sur les carburants grèvent les finances publiques, limitant la marge de manœuvre budgétaire.
La BAD préconise un agenda de réformes ambitieux centré sur le renforcement de la gouvernance et de la transparence, la consolidation du secteur financier et la transformation locale des produits de base. L’institution mise également sur le développement d’infrastructures régionales et la préservation des équilibres macroéconomiques par une réduction progressive des subventions énergétiques. Ces mesures visent à positionner le Cameroun comme un pôle de croissance en Afrique centrale, capable d’attirer les investissements privés et de créer de la valeur ajoutée localement.
L’économiste pays principal de la BAD, Ameth Saloum Ndiaye, et son homologue national, Godwill Kan Tange, ont souligné que le succès de cette transformation dépendra de la capacité du Cameroun à optimiser simultanément ses trois types de capital. Mamadou Tangara, s’exprimant au nom du directeur général de la BAD pour l’Afrique centrale, a salué l’engagement des autorités camerounaises à adopter une SNFI, signe d’une volonté politique de diversifier les sources de financement.
Le secrétaire général du ministère de l’Économie, Jean Tchoffo, représentant le gouverneur de la Banque pour le Cameroun, a qualifié les recommandations de la BAD de « pertinentes et en phase avec la SND30 ». Il considère que ce rapport arrive à point nommé, alors que le pays s’apprête à ajuster sa stratégie de développement à l’horizon 2030. Cette convergence de vues entre l’institution panafricaine et les autorités camerounaises laisse présager une mise en œuvre effective des recommandations, condition sine qua non pour « renouer avec une croissance solide et accélérer la transformation structurelle de l’économie ».