Le Mali a fermement dénoncé l’utilisation de l’aide financière étrangère comme un « instrument de déstabilisation » dans un communiqué publié par sa diplomatie. Selon le gouvernement malien, une partie de ces fonds serait détournée pour financer des réseaux terroristes, ce qui constitue une grave violation de la souveraineté nationale. Cette déclaration intervient après l’annulation par les États-Unis d’une subvention de 14 millions de dollars censée soutenir la cohésion sociale au Mali, une décision qui a pris Bamako de court.
Le ministère malien des Affaires étrangères a exprimé sa surprise face à l’annonce faite par le Département de l’efficacité gouvernementale des États-Unis (DOGE). En effet, le Mali affirme ne pas avoir été informé de l’existence de cette aide, dont les bénéficiaires restent inconnus. Cette situation soulève des interrogations sur la gestion et la destination des fonds destinés au pays, d’autant plus que l’annulation de la subvention survient après la révélation de détournements présumés vers des groupes terroristes. Bamako appelle donc Washington à poursuivre en justice les responsables de ces actes, qu’il qualifie de « financement du terrorisme international ».
Cette déclaration survient dans un contexte diplomatique tendu entre le Mali et les États-Unis. Depuis deux ans, le gouvernement malien a systématiquement refusé de signer l’accord quinquennal de subvention d’objectifs de développement avec les États-Unis, relatif au financement des projets de l’USAID. Ce désaveu est lié à la gestion des fonds américains et aux préoccupations concernant leur utilisation non conforme aux besoins réels du pays. Bamako critique depuis longtemps ce qu’il perçoit comme une ingérence étrangère dans ses affaires intérieures, surtout à travers des aides dont les impacts sont jugés inappropriés pour la réalité locale.
Face à cette situation, l’avenir de l’aide internationale au Mali semble incertain. Les autorités maliennes ont salué les efforts de la nouvelle administration américaine pour « assainir et humaniser » l’aide, tout en luttant contre son usage détourné. Toutefois, cette réticence persistante à accepter l’aide américaine pourrait freiner la mise en place de projets de développement vitaux dans le pays. La situation pourrait également accentuer l’isolement diplomatique du Mali sur la scène internationale, déjà marqué par son retrait de certaines initiatives multilatérales.
Dans ce contexte de fragilité, le Mali cherche à renforcer sa coopération avec des partenaires extérieurs tout en préservant sa souveraineté. Certains analystes estiment que cette polémique pourrait conduire à un réajustement des stratégies de financement pour des projets humanitaires et de développement. Le Mali pourrait ainsi se tourner davantage vers des sources d’aide bilatérales, mais il devra également faire face aux défis de la sécurité et à la pression des groupes terroristes qui continuent de déstabiliser la région du Sahel.
Des experts locaux soulignent que cette situation pourrait également refléter une plus grande méfiance de la part des autorités maliennes vis-à-vis de l’influence occidentale. Selon certains observateurs, la gestion de l’aide internationale au Mali devrait être réorientée pour répondre aux besoins réels des populations tout en évitant tout détournement. Pour beaucoup, une meilleure transparence et une implication des acteurs locaux dans la gestion des projets pourraient être des solutions pour contrer les dérives observées dans la gestion des fonds internationaux.