Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed s’est rendu hier pour une journée à Khartoum. C’était la première visite du chef du gouvernement chez son voisin depuis août 2020.
Lunettes de soleil, tout sourire sur les photos, Abiy Ahmed avait toutes les raisons d’être aux anges avec cette visite au Soudan. Son hôte, le général Al Burhan, a déclaré que les deux pays étaient « d’accord sur tous les points concernant le barrage de la Renaissance ». Du pain béni pour Addis-Abeba car sur cette épineuse question, Khartoum a toujours eu une position médiane, tantôt proche de l’Éthiopie, tantôt de l’Égypte, très opposée à cette infrastructure géante construite en Éthiopie dont les voisins craignent une perte de leurs ressources en eau.
Comme Le Caire, Khartoum s’est plusieurs fois opposé au remplissage des réservoirs décidés par l’Éthiopie sans accord avec ses deux voisins. Mais le Soudan sait aussi que le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique peut lui être bénéfique, en régulant les inondations qu’il subit chaque année, et en générant de l’électricité. Sur ce dossier, l’Égypte apparaît donc affaiblie par cette séquence.
D’autres points de frictions ont été discutés. Notamment celui du triangle de Fashaga, zone agricole frontalière fertile, théâtre d’affrontements entre Éthiopiens et Soudanais. Là-dessus, le général Al-Burhan a déclaré : « les documents, les mécanismes techniques et le dialogue sont les références principales de ce problème », affichant ainsi sa volonté de conciliation.
Échange de bons procédés. Certes, Abiy Ahmed a rencontré des opposants, alors que le Soudan est toujours en pleine crise politique. Mais le Premier ministre éthiopien a renvoyé l’ascenseur aux militaires en vantant « le principe de non-interventionnisme d’Addis-Abeba », ajoutant que les Soudanais devaient « trouver des solutions locales ». Bref, il ne s’en mêlera pas.