Au Bénin, la Commission électorale nationale autonome (CENA) a dévoilé, le 11 août, le calendrier officiel des élections générales de 2026. Le premier tour de la présidentielle se tiendra le 12 avril et le second tour le 10 mai. Cette échéance marquera la fin des deux mandats de Patrice Talon prévus par la Constitution. Si l’annonce fixe désormais le cadre temporel, elle ne dissipe pas les inquiétudes de l’opposition, qui redoute toujours un usage restrictif des parrainages exigés pour valider les candidatures.
L’opposition s’est particulièrement alarmée du report, fin juillet, du retrait des fiches de parrainages, finalement fixé au 2 septembre. Pour Basile Ahossi, vice-président du parti Les Démocrates et député, cette reprogrammation est « une petite avancée », mais ne suffit pas à lever les doutes sur l’équité du processus. « Nous voulons croire que la procédure ira à son terme sans exclusion », a-t-il déclaré, tout en rappelant que son camp restera vigilant face à un pouvoir qu’il juge habile à manœuvrer.
La méfiance s’explique par le souvenir des élections législatives de 2019, où les partis d’opposition avaient été exclus du scrutin, provoquant une crise politique majeure. Le nouveau code électoral, adopté en mars 2024, renforce ces craintes. Parmi les points contestés figure l’obligation pour un parti de recueillir au moins 20 % des suffrages dans l’ensemble des 24 circonscriptions pour obtenir un siège de député, une disposition que l’opposition considère comme un filtre politique déguisé.
Le calendrier publié par la CENA devrait, en principe, permettre aux partis de préparer leur stratégie et de présenter leurs candidats dans un cadre clair. Toutefois, la période précédant l’ouverture officielle des candidatures, prévue du 10 au 12 octobre 2025, sera scrutée de près. Toute modification de procédure ou tout retard pourrait être interprété comme une tentative d’affaiblir certaines formations, alimentant ainsi la suspicion.
Au-delà du calendrier, la présidentielle de 2026 sera un test de maturité démocratique pour le Bénin. La manière dont Patrice Talon quittera le pouvoir, et l’attitude des institutions électorales, pèseront sur la crédibilité du processus. L’opposition espère un climat apaisé, loin des tensions et violences électorales passées, mais prévient qu’elle ne tolérera pas de nouvelles manœuvres d’exclusion.