La situation sécuritaire dans le nord du Bénin, en particulier à Banikoara, est de plus en plus préoccupante. Un rapport publié par le Timbuktu Institute le 17 mars 2025 alerte sur une « dégradation de la situation sécuritaire » dans cette commune située près du parc W et à proximité de la frontière avec le Burkina Faso. La menace d’attaques par des groupes extrémistes violents se fait de plus en plus présente, avec des implications graves pour la stabilité de la région.
Le rapport du Timbuktu Institute fait état de témoignages inquiétants de la part des habitants, qui font état d’une situation de plus en plus instable. Un habitant cité dans le document déclare : « Nous ne savons plus qui est qui dans nos villages. » La crainte de collusions locales avec les groupes terroristes est évoquée, certains villageois étant contraints de collaborer par peur ou par manque d’alternatives. Certains jeunes de Banikoara, confrontés à un chômage endémique, se retrouvent même à fournir du carburant aux terroristes, profitant de marges bénéficiaires de plus de 50 % pour chaque bidon vendu. Ce climat d’insécurité et de méfiance nourrit l’instabilité et favorise les compromissions.
Cette dégradation de la situation sécuritaire ne se produit pas dans un vide. Le Bénin, bien qu’épargné jusque-là par des attaques à grande échelle, voit ses frontières nord de plus en plus exposées à la menace de groupes extrémistes venus du Sahel, notamment du Burkina Faso, du Mali et du Niger. L’Alibori, région qui abrite Banikoara, est désormais dans le viseur des terroristes, dont les attaques se multiplient dans cette zone stratégique, riche en biodiversité et en ressources naturelles. Le parc W, situé à proximité, est également un lieu de transit pour des groupes armés, ce qui complique davantage les efforts sécuritaires.
L’État béninois a mis en place plusieurs mesures pour contrer la menace terroriste dans la région, avec un renforcement des forces de sécurité et une vigilance accrue aux frontières. Toutefois, le rapport du Timbuktu Institute souligne que les habitants jugent ces mesures insuffisantes, surtout dans une commune aussi vaste que Banikoara. Les dispositifs sécuritaires sont souvent perçus comme une forme de répression, et la population manque de confiance dans les autorités. La restauration de cette confiance est essentielle pour un retour à la stabilité. De plus, les habitants attendent des actions plus concrètes pour soutenir l’économie locale et réduire la vulnérabilité des jeunes face à l’influence des groupes extrémistes.
Le rapport met également en lumière la nécessité de stimuler l’économie de la région pour offrir des alternatives viables aux jeunes. Face à la précarité et au manque d’opportunités professionnelles, ces derniers deviennent des cibles faciles pour les recruteurs des groupes terroristes. Le rapport insiste sur la mise en place de programmes pour soutenir les jeunes chômeurs et les encourager à s’engager dans des activités productives et légales, afin de les éloigner des circuits illégaux et de la violence. Un soutien économique pourrait ainsi jouer un rôle crucial dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité dans cette région fragilisée.
Enfin, le rapport du Timbuktu Institute appelle à une coopération renforcée entre l’État, les forces de sécurité et les populations locales. Il est essentiel de restaurer la confiance mutuelle, qui a été érodée par la méfiance et les accusations de répression. Des dialogues plus ouverts et des actions concrètes de soutien aux populations sont nécessaires pour garantir une réponse efficace et durable face à la menace terroriste. Le gouvernement béninois devra redoubler d’efforts pour démontrer son engagement à protéger ses citoyens tout en respectant leurs droits et leurs aspirations.