Ce lundi, au Bénin, le procureur de la CRIET a requis deux ans de prison ferme à l’encontre de l’ancien directeur général de la police, Philippe Houndégnon. L’ex-responsable de la sécurité publique sous la présidence de Boni Yayi est accusé de cyber-harcèlement et d’incitation à la rébellion, suite à des publications audio et des interviews sur les réseaux sociaux où il exprimait son mécontentement face aux réformes politiques du président Patrice Talon. Ses avocats, quant à eux, plaident pour sa relaxe.
L’inculpation de Philippe Houndégnon repose sur plusieurs audios postés sur les réseaux sociaux dans lesquels il critiquait ouvertement la gestion de Patrice Talon, notamment les réformes politiques entreprises par le gouvernement. Le procureur Armand Hounguè a cité ces enregistrements, estimant que les infractions de cyber-harcèlement et d’incitation à la rébellion étaient bien établies. Selon lui, même s’il ne porte plus son uniforme, Houndégnon reste un homme de pouvoir et doit faire preuve de réserve, en raison de son passé au sein de l’institution policière.
Ce procès intervient dans un contexte tendu, marqué par les réformes profondes entreprises par le président Patrice Talon, souvent perçues comme controversées. Houndégnon, ancien haut fonctionnaire, s’est opposé publiquement à ces réformes, ce qui l’a placé en porte-à-faux avec le pouvoir en place. Le Bénin, qui a connu des tensions politiques ces dernières années, voit dans cette affaire une bataille symbolique entre les anciens et les nouveaux régimes. Le procès de Houndégnon est également interprété par certains observateurs comme un test pour la liberté d’expression et le droit de réserve au sein de l’État béninois.
À l’issue du réquisitoire, la question de la liberté d’expression est au cœur des débats. Si la condamnation venait à être prononcée, elle pourrait avoir des implications sur la manière dont les anciens responsables politiques interagissent avec le pouvoir en place. À ce stade, l’issue du procès reste incertaine, bien que la demande de prison ferme soit un signal fort pour ceux qui oseraient défier publiquement les réformes du gouvernement Talon.
Lors des plaidoiries, les avocats de Philippe Houndégnon ont vigoureusement contesté les accusations et insisté sur le fait qu’aucun élément tangible ne justifiait une condamnation. Me Fidèle ABOUTA, l’un des avocats de la défense, a dénoncé ce qu’il considère comme une violation des principes de la liberté d’expression et des droits individuels au Bénin. Il a réclamé la libération de son client, soulignant que la justice ne devait pas être au service d’un régime politique, mais bien du peuple béninois dans son ensemble. Le sort de Philippe Houndégnon repose désormais entre les mains de la cour.
Le procès de Philippe Houndégnon constitue un tournant important dans l’histoire récente du Bénin. Après les plaidoiries et le réquisitoire, l’ex-directeur de la police a laissé la décision finale aux juges, se remettant à leur sens de la justice. L’issue de ce procès pourrait marquer une étape décisive dans le climat politique du pays et sur la manière dont les dissidents sont traités en période de réformes politiques.