Le président béninois Patrice Talon a annoncé, dans une allocution télévisée dimanche 7 décembre au soir, l’échec d’une tentative de coup d’État survenue plus tôt dans la journée. Il a assuré que la situation était « totalement sous contrôle » et que les auteurs de cette « forfaiture » ne resteraient pas impunis. En réaction, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a immédiatement ordonné le déploiement de sa Force en attente sur le territoire béninois pour soutenir les autorités légitimes.
Selon les déclarations du chef de l’État et des sources sécuritaires, un « groupuscule de soldats » a tenté de s’en prendre aux institutions républicaines dans la matinée du dimanche 7 décembre. Des mutins se sont dirigés vers la résidence présidentielle et le palais de la Marina à Cotonou, où des tirs ont été entendus. Une douzaine de militaires ont été arrêtés. Le président Talon, se présentant en garant de l’ordre démocratique, a affirmé avoir coordonné avec le commandement des forces de défense les actions nécessaires pour « faire échec à l’œuvre des aventuriers ».
Cet événement intervient dans un contexte sous-régional marqué par une recrudescence des coups d’État militaires depuis 2020, ayant touché le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Niger. Le Bénin, souvent cité comme un modèle de stabilité démocratique en Afrique de l’Ouest avec des alternances pacifiques depuis les années 1990, semblait jusqu’ici préservé. Toutefois, le deuxième mandat du président Talon, réélu en 2021, est régulièrement critiqué par une opposition qui dénonce un durcissement autoritaire et un rétrécissement de l’espace démocratique, créant un climat politique tendu.
Les perspectives immédiates sont tournées vers une enquête judiciaire approfondie pour identifier les commanditaires et les réseaux impliqués dans cette tentative de putsch. Le déploiement rapide de la Force régionale de la Cédéao, impliquant des troupes nigérianes, ivoiriennes, ghanéennes et sierra-léonaises, vise à sécuriser les institutions dans les prochains jours et à envoyer un message dissuasif fort. Cette réaction collective et immédiate de l’organisation sous-régionale teste également son protocole de défense de l’ordre constitutionnel dans un environnement géopolitique fragilisé.
L’implication du Nigeria, puissance régionale et présidence tournante de la Cédéao, a été décisive et rapide. Abuja a confirmé avoir mené des frappes aériennes pour déloger les putschistes de points stratégiques à Cotonou, avant d’envoyer des troupes au sol. Cette intervention militaire directe d’un voisin, bien que sollicitée par Porto-Novo, souligne la gravité de la menace perçue et la volonté de Bola Tinubu d’affirmer le leadership nigérian dans la stabilisation de la sous-région, en dépit des défis internes que connaît son pays.
Au-delà de la réponse sécuritaire, cet épisode place le gouvernement béninois face à un défi politique majeur. Il devra analyser les causes profondes de cette mutinerie, qu’elles relèvent de frustrations au sein de l’armée, d’instigations politiques internes ou d’influences externes. La manière dont les autorités géreront les suites de cette crise, entre fermeté judiciaire et dialogue nécessaire pour apaiser les tensions, sera scrutée comme un test de résilience pour la démocratie béninoise, dans une région où les remises en cause violentes du pouvoir se multiplient.



