Le 17 avril dernier, le Bénin a été secoué par des attaques armées meurtrières dans le nord du pays, faisant 54 victimes. Ces attaques, revendiquées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), ont ciblé deux positions de l’opération militaire antiterroriste Mirador, près de la zone frontalière avec le Burkina Faso et le Niger. Ce drame a provoqué une onde de choc à travers le pays, avec des réactions unanimes de condamnation, mais aussi des critiques sévères à l’encontre du gouvernement et de l’armée, jugés insuffisamment réactifs.
L’opinion publique a rapidement exprimé son mécontentement face au silence du gouvernement dans les heures et les jours suivant l’attaque. Les autorités ont tardé à communiquer des informations précises sur les événements, ce qui a alimenté des spéculations et une méfiance croissante. Le porte-parole du gouvernement, Wilfried Houngbedji, a pris la parole le 23 avril pour exprimer les condoléances de l’État aux familles endeuillées, mais beaucoup estiment que cette prise de parole est arrivée trop tardivement et ne répond pas entièrement à leurs préoccupations. Le manque de transparence sur le bilan des victimes, donné en plusieurs étapes, a également été perçu comme une tentative de minimiser l’ampleur du drame.
Le Bénin, pays longtemps épargné par les violences terroristes, fait face depuis quelques années à une montée des attaques dans sa zone nord, notamment à la frontière avec le Burkina Faso et le Niger, deux pays fortement touchés par le terrorisme islamiste. Les incidents du 17 avril s’inscrivent dans un contexte régional de plus en plus préoccupant, où les groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique intensifient leurs actions. Ces attaques interviennent après celle de janvier 2025, également revendiquée par le JNIM, et soulignent la vulnérabilité du pays face à des menaces transnationales.
Face à cette menace croissante, les appels à une coopération militaire sous-régionale se multiplient. Le gouvernement béninois a reconnu la nécessité d’une riposte plus coordonnée avec ses voisins. Des partis d’opposition, comme le mouvement Les Démocrates, ont insisté sur l’importance de tenir des concertations urgentes et sincères avec les autorités du Burkina Faso et du Niger. L’option d’un renforcement des capacités de défense et de sécurité devient une priorité, afin de sécuriser les régions frontalières et de prévenir de nouvelles attaques.
Les réactions des Béninois, tous horizons confondus, témoignent d’une profonde indignation. Nombreux sont ceux qui expriment un sentiment de révolte face à l’incapacité de l’État à protéger ses citoyens. Aboubakar Baparapé, président d’une organisation de défense des droits humains, a dénoncé l’incompétence des autorités et a réclamé une amélioration significative des mesures de sécurité. À ce jour, la question de la prise de responsabilité de l’État et la mise en place de politiques de prévention restent au cœur des préoccupations de la population.
Le silence prolongé du gouvernement et l’absence de mesures fortes après le carnage ont exacerbé la frustration des citoyens. La question d’un deuil national, qui n’a pas été décrété une semaine après les événements, a également alimenté la polémique. Ce manque de symboles de solidarité nationale a soulevé des interrogations sur l’engagement du gouvernement envers les victimes. Le gouvernement a certes présenté ses condoléances et a promis un soutien aux familles endeuillées, mais pour beaucoup, ces gestes demeurent insuffisants face à l’ampleur du drame.